Tel le phénix qui surgit depuis les cendres, Antananarivo relève le défi de resplendir en partant d'un état où tout semble indiquer une pathologie à la fois sociale, culturelle, hygiénique... Le chemin de la guérison est pavé d'embûches, de différents obstacles sur lesquels ont déjà buté les précédentes administrations. Le Tananarivien lambda qui aspire seulement à une vie loin des différents tracas, que le redoutable mécanisme du désordre peut provoquer, ne peut que soutenir les mesures qui vont dans ce sens.
Depuis quelques semaines, on est spectateurs d'une vaste opération d'assainissement, une série composée de différents épisodes qui ont chacun leur dénouement, heureux ou pas. C'est ainsi que les trottoirs et les chaussées ont connu différents rebondissements où l'espoir d'une purification a pu facilement, en peu de jours, faire place au retour du dépit. Et à l'heure où on écrit ce texte, le coeur du centre-ville semble encore bénéficier de soins qui pourraient nettoyer et éclaircir les sombres tunnels, au sens propre et au sens figuré.
L'histoire est riche de récits d'édiles qui se sont heurtés au mur infranchissable érigé par la puissance conjuguée du laxisme et de l'indiscipline qui ont soumis la ville à leurs volontés manifestées dans les différentes plaies et verrues monumentales qui défigurent la capitale. Elle est, en effet, en permanence, châtiée par ceux qui la prennent pour un urinoir ou crachoir géant, auxquels s'ajoutent les vandales qui font des infrastructures et biens communs les victimes favorites de leur besoin incoercible de s'adonner à la destruction, rejoints par lpes usagers de différents véhicules qui ont jeté aux oubliettes le code de la route...
Il s'agit donc, pour ceux qui ont accepté cette sainte mission consistant à sauver la beauté de la commune, d'une montagne plus haute que l'Himalaya et le sommet plus dissuasif que l'Everest repousse chaque progression qui subit le même sort que le rocher de Sisyphe. La trajectoire est minée, remplie de pièges quasi-inévitables qu'ont installés les nombreuses décennies qui ont rongé le sens civique.
Ainsi, les fondations des timides tentatives de réparer ce qui a été cassé cèdent facilement une fois confrontées à un vent de contestation. Ces efforts récents qui veulent redorer le blason d'Antananarivo sont déployés au moment où commence à rôder l'esprit d'un sommet international qui verra la présence d'invités de marque. Coïncidence ou pas, on espère que le même dynamisme soufflé par cette volonté de donner de l'éclat à la capitale, ne partira pas avec cet esprit.