L'usage d'Internet et des réseaux sociaux a considérablement augmenté chez les enfants et adolescents ces dernières années. Selon un rapport de 2022 du Pew Research Center, 95 % des jeunes de 13 à 17 ans possèdent un smartphone, et 97 % se connectent à Internet chaque jour. Parmi eux, 46 % sont «presque constamment» en ligne, contre 24 % en 2014-2015.
À Maurice, on comptait environ 820 900 utilisateurs de réseaux sociaux en janvier 2024, soit 63,1 % de la population. Une part importante d'entre eux sont mineurs. Facebook reste le réseau le plus populaire, avec 58 % d'hommes, majoritairement étudiants ou jeunes professionnels âgés de 14 à 24 ans. Cette forte présence numérique expose les enfants à de nombreux risques : cyberharcèlement, sextorsion, vengeance pornographique, ou contenus explicites. De plus en plus d'adolescents mauriciens disent avoir vu des contenus inappropriés ou subi du harcèlement en ligne.
Le Child Online Safety Report, présenté jeudi par le ministère des TIC, dresse un constat alarmant. Depuis mars 2018, le système MAUCORS+ a enregistré 19 188 incidents en ligne, dont :
· 5 465 cas de harcèlement,
· 3 840 de piratage,
· 3 052 d'escroqueries,
· 2 361 de contenus offensants,
· 2 023 de vols d'identité,
· 1 323 de cyberharcèlement,
· 652 de sextorsion,
· 242 de traque en ligne,
· 167 d'hameçonnage,
· 63 de logiciels malveillants.
En mars 2021, durant le confinement, la diffusion de photos dénudées de jeunes filles sur Telegram a provoqué une onde de choc. En seulement douze jours, 148 cas ont été signalés à MAUCORS+. Un extrait du plan d'action de NAFCO Mauritius (janvier 2025) révèle que plus de 60 % des jeunes femmes de 18 à 20 ans ont reçu du contenu explicite sans consentement avant leurs 18 ans. Pire, 97 % pensent que la pornographie en ligne peut mener à la pédopornographie. Ces incidents ont des conséquences graves sur le développement émotionnel, social et mental des jeunes : troubles du sommeil, isolement, anxiété, baisse de concentration, mauvaise image de soi, et vol d'identité dû au partage excessif d'informations.
Même à l'école, certains établissements constatent une baisse inquiétante des compétences de base chez les élèves. Le rapport souligne également une dépendance accrue aux réseaux sociaux, avec défilement compulsif et perte de la notion du temps, nuisant à leur concentration et à leur réussite scolaire.
Un appel à l'action collective
Face à cette réalité, les ministères concernés (TIC, Éducation, Éducation Tertiaire, Égalité de genre) appellent à une intervention urgente. Les solutions doivent être plurielles :
· Mise en place de lois solides,
· Technologies de protection,
· Éducation numérique pour enfants, parents et enseignants.
Le ministère des TIC lance une consultation publique autour d'un projet de loi pour la protection des enfants en ligne. Il invite les citoyens, ONG, écoles, entreprises tech et le grand public à envoyer leurs suggestions à mtci@govmu.org. Le public pourra également dialoguer avec MAIA+, le chatbot du ministère, dès le 15 avril 2025. Date limite de soumission : 30 avril 2025.