Les gouvernements africains, les organisations internationales et les autres partenaires du développement ont clôturé la sixième édition des négociations sur le climat en Afrique (ACT) à Kampala, en Ouganda, par un puissant appel adressé à la COP 30 pour la promotion d'un programme climatique mondial juste et inclusif.
La Première ministre ougandaise, Robinah Nabbanja, a ouvert l'événement, placé sous le thème « Repenser le financement et l'ambition de l'action climatique, de la croissance verte et du développement en Afrique : une question de justice », avec pour objectif de parvenir à un consensus africain avant la 30e Conférence sur le climat des Nations unies qui se tiendra cette année au Brésil.
La Banque africaine de développement, un acteur majeur de l'action climatique sur le continent, s'est associée à la Commission de l'Union africaine et à la Commission économique pour l'Afrique des Nations unies pour organiser ces discussions en partenariat avec le Forum parlementaire ougandais, l'Alliance panafricaine pour la justice climatique, le Centre mondial pour l'adaptation et l'UNICEF.
Pendant deux jours, les participants ont pris part à des tables rondes et des débats visant à faire progresser la réforme et la refonte des systèmes financiers internationaux afin de mieux répondre aux besoins de l'Afrique. La réunion s'est achevée le 8 avril dernier.
Mme Nabbanja a appelé à une réforme du système mondial de financement climatique. « Nous ne pouvons pas parler de développement en Afrique sans nous attaquer de front au changement climatique », a-t-elle déclaré. « Nous devons repenser et redéfinir l'architecture financière qui soutient l'action climatique, non pas par charité, mais par équité ».
La Première ministre ougandaise a souligné que la démographie favorable du continent constituait à la fois un défi et une opportunité. « L'Afrique possède la population la plus jeune. 75 % de la population ougandaise est âgée de 0 à 35 ans. Cela signifie que nous devons créer des millions d'emplois décents. Nous devons garantir un avenir où nos économies prospèrent sans compromettre notre environnement », a-t-elle ajouté.
Les discussions ont offert aux dirigeants et aux institutions africains un forum pour appeler à plus d'équité et de responsabilité mondiale. Selon Mme Jaqueline Amongin, présidente des Parlementaires africains pour l'action climatique, « l'Afrique subit de plein fouet un problème qu'elle n'a pas créé. Il n'y a aucun scénario dans lequel cela puisse être juste ou acceptable. C'est pourquoi le concept de justice climatique est plus pertinent que jamais. »
Le coordinateur du Fonds climatique pour le développement de l'Afrique de la Banque africaine de développement, James Kinyangi, a réaffirmé l'engagement de l'institution à soutenir les pays dans l'élaboration de Contributions déterminées au niveau national (CDN) ambitieuses. Le Groupe de la Banque apporte son soutien par le biais d'initiatives telles que l'Africa NDC Hub qui reflètent les défis et les aspirations propres à chaque pays. « Il s'agit d'une étape cruciale pour garantir que le financement climatique ne soit pas qu'une question de dollars et de centimes, mais qu'il soit également synonyme de justice et d'équité. »
À Kampala, la délégation de la Banque a participé à des discussions techniques sur le rôle optimal des banques multilatérales de développement pour combler le déficit de financement climatique de l'Afrique, renforcer les efforts d'adaptation et promouvoir une transition juste et inclusive. En partenariat avec le Centre mondial pour l'adaptation (GCA), le Groupe de la Banque a organisé un événement pour présenter les réalisations du Programme d'accélération de l'adaptation en Afrique, une initiative conjointe de la Banque et du GCA visant à mobiliser 25 milliards de dollars sur cinq ans pour accélérer et intensifier les mesures d'adaptation au changement climatique sur le continent.
« Le changement climatique est un sujet on ne peut plus pertinent pour l'UNICEF. Les enfants et les jeunes représentent la prochaine génération la plus touchée par le changement climatique, et pour laquelle notre plaidoyer et nos négociations en faveur de la justice sont essentiels », a souligné Alison Parker, directrice régionale adjointe pour l'Afrique orientale et australe de l'UNICEF, dont c'était la première participation. Selon Mme Parker, le fardeau du changement climatique pèse de manière disproportionnée sur les jeunes.
Le professeur Barnabas Nawangwe, vice-chancelier de l'université de Makerere, a souligné la capacité de l'Afrique à jouer un rôle de premier plan : « L'Afrique doit s'élever, non pas dans une position de mendiante, mais en parlant d'une seule voix. Nous sommes prêts à jouer un rôle de premier plan dans la construction de l'infrastructure humaine nécessaire à une Afrique juste, verte et prospère. »
Les résultats des discussions permettront de parvenir à un consensus autour d'une position continentale commune lors du Sommet africain sur le climat qui devrait se tenir en septembre en Éthiopie, et lors de la COP 30 en novembre 2025 à Belém, au Brésil.