Burkina Faso: Médecine traditionnelle - « Nos plantes médicinales sont efficaces, mais restent ignorées », Hamid Derra, chercheur

Hamid Derra, titulaire d'un Master professionnel en informatique est entrepreneur, chercheur, analyste de données et développeur d'études stratégiques. Un informaticien bon teint qui s'intéresse à la médecine traditionnelle. Il a mené des recherches portant principalement sur la pharmaceutique, les finances, la technologie et l'écologie. Il est l'auteur de Santafrica, le Savoir Médicinal Africain. Il nous en dit plus sur cette médecine traditionnelle.

Vous vous intéressez à la pharmacopée traditionnelle, parlez-nous de vos connaissances des plantes ?

La connaissance des remèdes dérivés des plantes s'est développée avec le temps et s'est transmise oralement, de génération en génération. Chaque communauté ou tribu a méthodiquement réuni des informations sur les plantes médicinales et élaboré des pharmacopées bien définies. La théorie des signatures, imaginée par Paracelse, repose sur la croyance que l'aspect, la couleur et la saveur des plantes révèlent leurs propriétés médicinales. Elle a permis, en Afrique comme en Europe, un développement important de l'emploi des plantes médicinales.

Ainsi, les racines jaunes sont très utilisées pour traiter les ictères, tandis que les plantes amères sont souvent fébrifuges et antipaludiques. L'essentiel de la pharmacopée de la médecine conventionnelle, bien que connue plus tard au XXe siècle, a été élaboré à partir des traditions des plantes médicinales des populations indigènes. Et même de nos jours, un grand nombre de médicaments, couramment utilisés ont pour origine des plantes africaines.

Quels sont les principaux avantages des médicaments traditionnels ?

De nombreuses spécialités pharmaceutiques utilisées aujourd'hui proviennent des plantes. Les plantes médicinales constituent donc une ressource vitale, mobilisable tant pour leur intérêt sanitaire que socio- économique.

Comment se transmet le savoir médicinal traditionnel ?

Pour se soigner, l'homme a appris à ses dépens à discerner les ressources végétales et animales nécessaires à sa survie. Il s'est inspiré des comportements d'animaux, de son expérience et parfois de son imagination. Comme le savoir se transmettait oralement, les connaissances acquises ont été relayées de génération en génération. Le détenteur de ce savoir acquérait alors une certaine notoriété, souvent associée au statut de chef tribal ou de guérisseur.

Quels sont les défis liés à l'intégration des plantes médicinales dans la médecine moderne ?

Depuis 30 ans, de nombreuses études ont tenté de vérifier l'action des médicaments traditionnels ainsi que leur toxicité.

De nombreuses plantes utilisées telles quelles sont aussi efficaces, voire plus que les médicaments importés en Afrique, mais elles restent méconnues du grand public. Il suffirait qu'une législation adaptée permette leur enregistrement local par les ministères de la Santé.

Quels sont les enjeux économiques et sociaux liés à l'utilisation des plantes médicinales en Afrique ?

N'eussent été le coût exorbitant des médicaments modernes, l'insuffisance des budgets nationaux de santé et l'inadéquation des infrastructures sanitaires, de nombreux gouvernements africains n'auraient pas été contraints de reconsidérer les avantages des systèmes de soins traditionnels. Ce secteur aurait été relégué aux oubliettes.

Quelles sont vos perspectives, vos projets ?

Tous ces produits n'étant pas encore commercialisés sous une forme moderne dans nos pays, nous pourrions, avec l'appui des autorités compétentes, les fabriquer localement sous forme de comprimés, gélules, sirops, extraits, etc.

Nous avons déjà conçu le concept et élaboré un projet nommé MORINGA BIO TEAM qui nous permettrait de nous émanciper à plusieurs égards. Nous sommes prêts à collaborer avec le gouvernement du Burkina Faso pour atteindre ces objectifs.

Interview réalisée par : Wamini Micheline OUEDRAOGO

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