Dakar — Les progrès réalisés dans le cadre de la lutte contre la mortalité maternelle et infantile ont connu une diminution "alarmante", après l'année 2020, due aux crises sanitaires, armées et environnementales, a fait ressortir le dernier rapport Countdown 2030 de la revue scientifique britannique The Lancet.
"Un ralentissement alarmant des progrès du taux d'amélioration dans le domaine de la santé reproductive, maternelle, néonatale et infantile, a été observé. Cela en raison de crises globales telles que la pandémie de Covid-19, l'insécurité alimentaire, les conflits armés et le changement climatique. La priorité accordée à la santé reproductive, maternelle, néonatale, infantile et adolescente (SRMNIA), ainsi que le financement de la nutrition a également diminué", a déclaré Cheikh Mbacké Faye directeur exécutif d'African Population and Health Research Center (APHRC).
Il prenait part, lundi, à Dakar, à la publication du rapport Countdown 2025 intitulé : "Suivi des progrès en santé reproductive, maternelle, néonatale, infantile, adolescente et en nutrition".
Le rapport "Countdown to 2030 / The Lancet 2025" aborde des questions cruciales telles que la survie, la nutrition, la couverture des interventions sanitaires et la qualité des soins dans 80 pays à revenu faible et intermédiaire.
"Les taux annuels moyens de réduction de la mortinatalité [les enfants nés sans vie après 6 mois de grossesse], de la mortalité maternelle, néonatale, infantile, et adolescente dans les pays à faible revenu et intermédiaire de la tranche inférieure entre 2016 et 2022 étaient généralement de l'ordre de 2 à 3%. Ce rythme de baisse est nettement inférieur à celui observé entre 2000 et 2015 et reste bien en-deçà du niveau requis pour atteindre les Objectifs de développement durable (ODD)", souligne le document.
Pire, "ces objectifs de mortalité apparaissent particulièrement éloignés pour les pays d'Afrique subsaharienne", a fait observer M. Diouf.
Venu présider la rencontre, le ministre de la Santé et de l'Action sociale, Ibrahima Sy, a indiqué que "le rapport d'analyse du pays du +Countdown 2030+, est un instrument primordial à la décision", relevant que "la mortalité maternelle a atteint des niveaux inacceptables".
Selon le ministre, "environ 287 000 femmes sont décédées pendant ou après une grossesse ou un accouchement en 2020. Environ 87% des décès maternels dans le monde, dont la plupart auraient pu être évités, sont survenus en Afrique subsaharienne et en Asie du Sud".
Face à cette situation, "le Sénégal a élaboré et mis en oeuvre plusieurs plans avec l'objectif de réduire la mortalité matérielle néonatale et infantile", a-t-il précisé.
"Aujourd'hui, notre pays est à un tournant décisif en matière de santé des femmes, des enfants et des adolescents", a reconnu Ibrahima Sy, assurant que "la santé de la mère et de l'enfant constitue l'une des préoccupations de santé publique dans le monde en général et dans la région africaine en particulier".