L'État de Cross River au Nigéria est le deuxième à lancer la construction d'une Zone spéciale de transformation agro-industrielle après que le vice-président du pays, Kashim Shettima, et le président du Groupe de la Banque africaine de développement, Akinwumi Adesina, en aient posé la première pierre le 10 avril 2025 sur le site du projet.
La Zone spéciale de transformation agro-industrielle (SAPZ) vise à lutter contre l'insécurité alimentaire, à améliorer la production locale et faire du Nigéria un leader en matière d'exportation alimentaire en tirant parti des ports et des infrastructures de recherche de Cross River pour stimuler le commerce mondial, réduire les importations de denrées alimentaires et favoriser la prospérité grâce à l'agro-industrialisation de cultures telles que le cacao et le manioc.
La cérémonie d'inauguration des travaux à Cross River fait suite à celle de Kaduna qui a eu lieu quelques jours plus tôt. Six autres États, à savoir Kano, Kwara, Imo, Ogun, Oyo et le Territoire de la capitale fédérale, font partie de la première phase du programme SAPZ doté de 538 millions de dollars. Des plans d'expansion aux 28 États restants sont prévus cette année, sous réserve de l'approbation du financement de la phase 2 par le Conseil d'administration du Groupe de la Banque africaine de développement.
M. Shettima a souligné le caractère prioritaire du projet et la nécessité d'une collaboration nationale : « Le programme SAPZ a été reconnu comme une priorité nationale pour la sécurité alimentaire du Nigéria. » Et d'ajouter : « Il n'y a pas de meilleur moment que maintenant pour que le gouvernement fédéral, les gouvernements des États, les partenaires du développement, le secteur privé et nos communautés travaillent main dans la main pour assurer le succès du projet SAPZ. »
M. Adesina a salué cette étape importante : « Aujourd'hui est un grand jour pour le Nigéria », et a ajouté : « Les Zones spéciales de transformation agro-industrielle sont une bonne nouvelle pour le Nigéria, les gouvernements des États et les gouvernements locaux. Une bonne nouvelle pour les agriculteurs, les entreprises agro-industrielles et toutes les zones rurales du Nigéria. Une bonne nouvelle en matière d'emplois, de richesse et de prospérité grâce à l'agriculture en tant qu'activité économique. »
« Avec ses terres arables abondantes, sa main-d'oeuvre bon marché et ses vastes zones agroécologiques, le Nigéria ne devrait pas importer de denrées alimentaires », a ajouté M. Adesina, qui était accompagné de son épouse, Grace Yemisi Adesina.
Le président du Groupe de la Banque a souligné également le potentiel d'exportation de l'État de Cross River : « Le port en eau profonde de Bakassi fera de l'État une plaque tournante logistique au Nigéria et dans le golfe de Guinée, permettant des échanges commerciaux avec le Cameroun, la Guinée équatoriale et la Guinée-Bissau ».
Le pôle agro-industriel d'Adiabo, d'une superficie de 130 hectares, s'appuiera sur le port maritime de Calabar, le port en eau profonde de Bakassi, une centrale électrique d'une capacité de 23 kVA à Tinapa et une centrale électrique de 630 kVA à Calabar. Son centre de transformation agricole, soutenu par l'Institut de recherche sur le cacao du Nigéria et l'université de Calabar, se trouve à moins de 45 minutes d'Ikom, d'Etung et de Boki, stimulant ainsi la production de cacao pour les marchés mondiaux.
« Pour nous, dans l'État de Cross River, la création de groupes de petits exploitants agricoles axés sur les cultures vivrières et de rentes telles que le riz, le manioc, le millet, le cacao et le palmier à huile, est une étape essentielle vers l'agro-industrialisation », a déclaré le gouverneur de l'État, Bassey Otu.
« Ces initiatives visent à renforcer la sécurité alimentaire, à diversifier l'économie de notre État vers une agriculture orientée vers l'exportation et à accroître notre PIB », a ajouté M. Otu, précisant qu'une grande différence devrait être perceptible au sein de l'État d'ici à deux ans.
Le Groupe de la Banque africaine de développement investit 210 millions de dollars, dont 50 millions de dollars provenant du Fonds Africa Growing Together. La Banque islamique de développement contribue à hauteur de 150 millions de dollars, le Fonds international de développement agricole (FIDA) de 100 millions de dollars, le Fonds vert pour le climat de 60 millions de dollars, et le gouvernement à hauteur de 18 millions de dollars.
S'exprimant lors de l'événement, Dede Ekoue, directrice nationale du FIDA, a indiqué que la SAPZ s'appuierait sur le Projet d'amélioration des moyens de subsistance des entreprises familiales dans le delta du Niger (LIFE-ND), qui a permis d'autonomiser 26 000 jeunes et femmes agripreneurs dans le delta du Niger, dont 4 000 à Cross River, l'objectif étant d'atteindre 100 000 personnes d'ici à 2028.
Pour Abubakar Kyari, ministre de l'Agriculture et de la Sécurité alimentaire, « le programme SAPZ est un puissant catalyseur de croissance économique et de substitution des importations. En investissant dans le développement de l'agro-industrie, nous investissons dans l'avenir de nos communautés. »
Le Groupe de la Banque africaine de développement a engagé 934 millions de dollars dans les SAPZ réparties dans onze pays africains. L'édition 2024 de l'Africa Investment Forum (AIF), qui s'est tenue à Rabat, au Maroc, a enregistré 2,2 milliards de dollars d'intérêts d'investissement pour 28 États nigérians, lesquels constituent la deuxième phase du projet.
M. Adesina a expliqué qu'avec les SAPZ, le Nigéria réduirait ses importations de denrées alimentaires, préserverait ses devises, développerait la production et la transformation locales de denrées alimentaires et de produits agricoles, renforcerait le naira et attirerait d'importants investissements privés dans le développement des chaînes de valeur agricoles.
Les Zones spéciales de transformation agro-industrielle permettront également de redynamiser et de transformer les économies rurales et de créer des millions d'emplois.
M. Adesina était accompagné de plusieurs dirigeants du Groupe de la Banque, dont Beth Dunford, vice-présidente chargée de l'Agriculture et du Développement humain et social, d'Abdul Kamara, directeur général pour le Nigéria, d'Oyebanji Oyelaran-Oyeyinka, conseiller spécial principal pour l'industrialisation, de Richard Ofori-Mante, directeur du Département du financement agricole et du développement rural, et de Yusuf Kabir, coordinateur national des SAPZ au Nigéria.