Madagascar: Contexte socio-politique - Toliara dans une ambiance maussade

Entre les questions d'insécurité citadine, l'accueil du forum des jeunes Africains sur l'Économie bleue et le projet Base Toliara, la cité du soleil se focalise sur ce dernier.

Calme apparent. Une semaine après les affrontements entre les partisans du député Siteny Randrianasoloniaiko et les Forces de l'ordre, l'ambiance est quelque peu morose dans la cité du soleil. Des Forces de l'ordre sont postées dans les quatre coins de la ville, indiquant que le contexte reste tendu. Vendredi dernier, le député de Toliara I, Siteny Randrianasoloniaiko a donné ses points de vue sur le projet Base Toliara dans une émission radio et ce, pendant près de deux heures trente minutes.

Le même jour, les partisans, conduits par des hommes politiques appartenant au parti au pouvoir, Tinoka Roberto Raharoarilala, vice-président de l'Assemblée nationale pour la province de Toliara et Hery Rasoamaromaka, gouverneur de la région Analamanga, sont apparus dans une émission télévisée. Ils ont chacun argumenté l'importance de l'exploitation de cette ressource enfouie dans les sols de Ranobe, dans le district de Toliara II.

Vendredi toujours, le Premier ministre, Christian Ntsay a réuni à Toliara des associations, des représentants des communautés locales et même ceux qui sont farouches à la tenue du projet. Des explications techniques ont été données par des responsables de Base Toliara. L'État campe sur sa position, celle de maintenir la poursuite du projet d'extraction d'ilménite et de Monazite et a invité les parties prenantes à avancer. La réunion de l'Organe national mixte de conception (OMC) avec les autorités locales s'est poursuivie samedi dernier, toujours avec le Premier ministre et d'autres représentants de communautés.

Idées

Devant cette zizanie, le citoyen lambda de Toliara se pose des questions. « Il faut ainsi l'implication poussée de l'État pour faire passer le projet dans le coeur des Tuléarois. Le Premier ministre avec une armada de ministres mènent des lobbying. La compagnie minière elle-même ne peut-elle pas entamer une communication compréhensible par tout le monde ?», se demande un opérateur dans la restauration. Régis Randriambololona, sportif connu dans le milieu footballistique à Toliara, dit ne pas encore être persuadé par le projet malgré les mesures prises depuis le haut lieu. Un jeune universitaire à Toliara, Marus Prudent, habitant le quartier d'Antaninarenina dit ne pas comprendre ce qui se passe.

« J'ai vécu en direct les heurts de dimanche dernier. Les gaz lacrymogènes ont été lancés tout près de chez nous. Je suis donc témoin de la gravité des affrontements. Cela va donc se passer ainsi ? Les opposants réagissent et l'État riposte et les premiers seront mécontents et donc ce sera un éternel cercle vicieux ? », réagit-il. Un mobilisateur social travaillant sur le littoral sud de la région Atsimo Andrefana, de passage à Toliara, dit être perdu sur le sujet.

« Là-bas, tout est flou. Le débat dans les quartiers tourne autour d'un projet radioactif et la plupart adhère à l'opposition d'une extraction quelconque. Beaucoup ne sont pas informés sur l'objet exact de Base Toliara », raconte Eugène Tiaray, mobilisateur social. « Pourquoi ne pas publier les détails des cahiers de charge de la compagnie minière. C'est le seul moyen pour apaiser les tensions », finit-il.

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