Dans un documentaire diffusé depuis lundi 28 avril, la chaîne britannique BBC pointe du doigt le rôle des forces de l'ordre kényanes dans les violences du 25 juin 2024. Ce jour-là, plusieurs milliers de Kényans protestaient dans les rues de Nairobi contre la loi de finances publiques, certains allant jusqu'à pénétrer dans l'enceinte du Parlement. Les autorités ont répondu avec une violence extrême, entraînant la mort d'au moins 60 personnes. Les autorités sont désormais sous la pression des associations et de la population.
Le documentaire de la BBC revient sur le meurtre de trois jeunes manifestants non armés aux alentours du Parlement le 25 juin dernier. Après avoir analysé plus de 5 000 images, l'enquête conclut qu'ils sont morts à la suite de tirs d'un policier et d'un soldat.
Depuis, les appels à la justice se multiplient. Amnesty International a lancé une pétition en ligne appelant à la mise en place d'une commission d'enquête.
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« La BBC a été capable de nous en dire plus sur les évènements autour de l'invasion du Parlement que nos propres institutions chargées de faire respecter la loi, réagit Irungu Houghton, directeur exécutif de la branche kényane de l'ONG. Nous sommes profondément inquiets de ne pas avoir vu de poursuites pénales ou de condamnations d'agents de l'État soupçonnés d'avoir tué, enlevé, intimidé et blessé des Kényans. Ce manque de justice est très inquiétant, car il envoie un message à tous les officiers de l'État : qu'ils peuvent ne pas respecter la loi, commettre des crimes graves et ne pas craindre de représailles judiciaires. »
La police des polices affirme que sur 60 cas de décès déclarés lors des manifestations, 22 enquêtes ont été conclues, 36 sont toujours actives et 2 sont devant les tribunaux. Mais la polémique continue d'enfler : selon la presse kényane, la BBC a été contrainte d'annuler une projection privée lundi soir à la suite de « pressions des autorités ».
Le documentaire est pourtant disponible sur internet. Il avait déjà plus de 3,9 millions de vues mercredi 30 avril au matin.