Pour les Congolais, particulièrement ceux de l'est, notamment les habitants de Goma, une fumée blanche est apparue au-dessus de Washington, le mercredi 18 juin. Un accord préliminaire de paix a été signé ce jour-là entre les experts de la RDC et ceux du Rwanda qui négociaient au nom de leurs gouvernements, sous le patronage des autorités américaines et le parrainage de la diplomatie qatarienne.
Pour un accord préliminaire, le document paraphé, mercredi dernier est une bonne perspective qui pose la question du comment régler définitivement la guerre à l'est de la RDC. En effet, cet accord, une capitalisation des acquis et/ou fortes intentions exprimées lors de précédentes rencontres, notamment celles de Luanda en 2022, de Nairobi en 2024 et de Doha en avril 2025, prévoit "le respect de l'intégrité territoriale et l'interdiction des hostilités, le désengagement, le désarmement et l'intégration conditionnelle des groupes armés non étatiques" dans les forces armées de la RDC, ainsi que la mise en place d'un Mécanisme conjoint de coordination de la sécurité intégrant le concept d'opérations (CONOPS) du 31 octobre 2024. Par ailleurs, l'accord facilite le retour des réfugiés et des personnes déplacées internes, garantit l'accès humanitaire et établit un cadre d'intégration économique régionale.
Les dispositions de cet accord préliminaire sont conformes à la déclaration de principes signée le 25 avril 2025, résultant de trois jours de discussion portant sur les enjeux politiques, sécuritaires et économiques du retour de la paix à l'est de la RDC. C'est un grand pas qui a été fait au cours donc de ses négociations de Washington. L'administration Bush, notamment, la secrétaire d'Etat adjointe, chargée des Affaires politiques, Allison Hooker, a sans doute pesé de tout son poids pour amener les négociateurs congolais et rwandais à mettre de l'eau dans leur vin.
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L'accord préliminaire est même intervenu avec de l'avance sur l'agenda des négociations. De fait, c'est jusqu'au 27 juin prochain que les ministres des Affaires étrangères de la RDC et du Rwanda sont attendus à Washington pour parapher l'accord définitif. Sans doute discuteront-ils du fond, de la forme et surtout des moyens de mettre en oeuvre cet accord historique. Par exemple sur les délais de retrait des forces rwandaises de l'est de la RDC ; la gestion du commandement de la coordination de la sécurité intégrant le concept d'opérations ; quelle pourrait être la contribution financière des partenaires, américains et qatarien, notamment dans la mise en oeuvre de ce plan de paix ?
On croise les doigts pour que des questions de détails, aussi importantes soient-elles, ne viennent retarder la signature de l'accord définitif, ou qu'une fois signé, il n'aille dormir dans les tiroirs. La même volonté politique et diplomatique qui a prévalu à obtenir cet accord préliminaire ambitieux doit se renforcer pour que son application aille au fond des choses.
Malheureusement, ils sont légion les exemples d'accords historiques signés dont la mise en oeuvre a été mi-figue mi-raisin. Gageons qu'avec un patronage aussi puissant et un parrain riche comme Crésus, celui entre la RDC et le Rwanda ira au fond des choses pour régler cette guerre qui n'a que trop duré. Vivement donc que la fumée blanche de ce 18 juin sur Washington deviennent une colombe blanche de la paix et de la stabilité dans cette région stratégique du continent.