Mali: La quadrature du cercle ?

25 Septembre 2025
analyse

La junte malienne qui pourtant avait donné l’impression d’avoir une grande maitrise de l’agenda du processus de transition et au besoin de la conservation du pouvoir au terme de celle-ci, après s’être débarrassée de tous ses soutiens, s’aperçoit aujourd’hui que rien n’est plus incertain que de réussir la transition, mais surtout de la conduire à son terme. 

Le régime d'Assimi Goïta, qui s’est doté de la « légitimité démocratique », à la suite de l’adoption de la nouvelle Constitution,adoptée par 97 % des suffrages exprimés au référendum du 18 juin 2023. Les recommandations du dialogue inclusif inter-maliens, quoique boycottées par l’opposition, ont par la suite été actées en Conseil des ministres le 12 juin 2025 ; elles prolongent le mandat de 5 ans, permettant de baliser ainsi le chemin de la transition vers 2027 ou 2030 selon certains.

Après cela, on était loin de se douter que ce régime pouvait en si peu de temps se retrouver dans un imbroglio qui, s’il persiste, risque d’hypothéquer sa survie.

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La célébration du 65ème anniversaire de l’indépendance du Mali, le 22 septembre dernier, loin d’être un moment festif, a été en effet le prétexte à l’expression de revendications séparatistes du Front de Libération de l’Azawad (FLA). La coïncidence est troublante. C’est loin d’être un fait isolé, si l’on se réfère à la situation assez inconfortable dans laquelle l’armée malienne se trouve aujourd’hui, face à l’avancée du JNIM et son lot important de victimes enregistrées du côté des FAMA, nonobstant les dégâts matériels résultant du blocus opéré sur la circulation des camions, particulièrement les citernes.

La persistance de la menace est tellement pesante que certaines chancelleries n’ont pas manqué la veille de la célébration de la fête de l’Indépendance, ce 22 septembre 2025, d’alerter solennellement leurs ressortissants sur les risques pendant aujourd’hui sur le territoire malien, et par conséquent d’en appeler à une très grande prudence dans leurs déplacements « strictement nécessaires ».

La question de la sécurité nationale, qui était le leitmotiv du régime et qui d’ailleurs avait amené les militaires à prendre le pouvoir, mais aussi à poser les jalons de la future AES, reste aux yeux de la plupart des observateurs un objectif lointain qui entame, il est vrai, la crédibilité du pouvoir d'Assimi Goita.

En effet, les échecs constatés dans les différentes options militaires, avec le départ non préparé des troupes de Wagner, et la nouvelle mission ambiguë dévolue aux forces de l’Africa Corps, font que les verrous voulus n’ont jamais pu fonctionner correctement, pour fixer la progression des djihadistes. Les Alliés de l’AES quant à eux sont dans les mêmes difficultés, et ne peuvent pas être d’un grand appui en dehors des déclarations de principe.

La nature très complexe du conflit, qui dès le départ s’est étalé sur toute la bande sahélo-sahélienne avec des ramifications multiples, fait qu’une solution nationale aura très peu de chances de prospérer. Hélas tout le monde semble aujourd’hui se contenter d’une position certes « facile » pour le moment de spectateurs, en attendant les excroissances possibles, voire quasi certaines sur les voisins.

Si la question de « l’étouffement » économique du pays, qui est l’objectif du Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans (JNIM) aujourd’hui, n’est pas bien prise en charge avec le concours des pays riverains du Mali, il y a de fortes chances qu’à court terme, les données du conflit vont changer, et qui sait, les risques de partition du Nord du pays, en proie à la fois à la rébellion Touareg et aux djihadistes du JNIM, ne seront plus une perspective lointaine.

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