Guinée: Le bout du tunnel ?

2 Octobre 2025
analyse

Pour certains qui estimaient que les vœux de nouvel an du général Mamadi Doumbouya étaient des vœux pieux, voilà une réponse qui leur porte un sérieux démenti.

En effet, le général Doumbouya au pouvoir depuis 2021 avait promis, à l’occasion de son message à la Nation du Nouvel An 2025, que cette année allait être une année électorale. Le cap semble être, pour l’instant, bien tenu, même si on peut encore se poser des questions techniques après la tenue du référendum sur la nouvelle Constitution ce 21 septembre, dans les conditions que l’on sait.

Il est vrai que le Premier ministre Bah Oury avait, depuis le mois de mai, affirmé avec beaucoup d’assurance que le processus de la transition allait connaitre son épilogue en décembre avec la présidentielle. En revanche, ce qu’il n’avait pas dit, c’est qu’entretemps la nouvelle constitution allait ouvrir la voie à une candidature du Président Doumbouya à la magistrature suprême, et celle des autres membres de la transition pour les législatives qui suivent.

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Telle est la principale lecture du référendum du 21 septembre dernier qui, quoiqu'on puisse dire, a été un test majeur du dispositif électoral mis en place par la junte pour conserver le pouvoir, avec une parfaite maitrise, si l’on s’en réfère à toute la purge qui a eu lieu auparavant chez les préfets, remplacés par des militaires, et les conseils municipaux qui ont été dissous, sans compter le système de distribution des cartes d’électeurs pour le référendum confié aux partisans du pouvoir dans les quartiers… et last but not least, le pourcentage de OUI 89 % est une caution pour légitimer l’adoption de la Constitution, qui, il faut le dire, a été boycottée par l’opposition.

Au total, Doumbouya a mis les moyens pour aller à la prochaine présidentielle et la gagner. Toutefois, il devra régler, dans la période qui sépare de cette échéance de décembre, la question des candidatures des leaders de partis dissous, ou suspendus comme Alpha Condé, Cellou Dalein Diallo, Sidya Touré (tous en exil). Or, si l’on s’en tient aux conditions de candidature (art. 45), il faut, entre autres, résider à titre principal en Guinée et être investi par un parti politique et être âgé de moins de 70 ans. Aucun d’entre eux ne satisfait à ces critères.

Finalement,  Doumbouya s’est approprié une sorte de « bonne pratique » d’élimination d’opposants à travers des textes taillés sur mesure, inspirés de chez certains voisins où ça a fonctionné sans bavure. Dès lors l’organisation de telles élections, si tant est que le schéma prévu est de les faire avant fin 2025, est tout à fait à la portée avec ce faible nombre de candidats et un dispositif administratif tout à fait dévoué au Président et ses alliés.

Mais le résultat est-il garanti, et le cas échéant, à quel prix ?

Oui, avec l’opposition sous l’éteignoir, et les médias bâillonnés, le résultat peut être garanti au regard de ce qui précède, mais le prix à payer pour le retour à l’ordre institutionnel sera sans doute lourd de conséquences. La Francophonie (OIF) et la CEDEAO qui s’étaient impliquées pour arriver à un consensus sur le fichier électoral sont interpellées.

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