Sénégal: Menace sur la liberté de la presse - Les journalistes font bloc pour dire non

31 Octobre 2025

Il y avait du monde hier, jeudi 30 octobre devant les locaux de la 7Tv. Journalistes nationaux et internationaux, patrons de presse, hommes politiques, membres de la société civile ont tous répondu à l'appel du Front pour la défense de la liberté de presse (Fdlp), structure portée sur les fonts baptismaux suite à l'arrestation des journalistes Maïmouna Ndour Faye et Babacar Fall. Successivement, ils ont pris la parole pour dénoncé les menaces du nouveau régime sur les libertés d'expression et de la presse.

« Non au musellement de la presse !» « Oui à la liberté de la presse ! ». C'est par ces slogans que les journalistes ont ouvert hier, jeudi 30 octobre, leur rassemblement.

Réunis devant les locaux de la 7TV, journalistes nationaux et internationaux, patrons de presse, organisations de la société civile, hommes politiques ont dénoncé l'interpellation récente des confrères, Babacar Fall de la Rfm et Maimouna Ndour Faye de la 7TV dans l'exercice de leur métier. Une mobilisation forte et symbolique du Front pour la défense de la liberté de la presse pour dire non aux atteintes à la liberté d'expression.

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« Hier (mercredi), notre confrère, Babacar Fall, qui avait été arrêté, menotté, a été libéré. Aujourd'hui (jeudi), c'est au tour de notre consoeur, Maimouna Ndour Faye, d'être libérée, et sans pour autant que nos deux confrères n'aient été incriminés par la justice. Donc c'est ça qui prouve encore une fois que l'arrestation était un acte politique pour museler la presse parce qu'aucune loi au Sénégal n'interdit de donner la parole à quelqu'un qui est poursuivi par la justice », a fait savoir le président du CDEPS, Mamadou Ibra Kane.

Allant plus loin, il a rappelé le cas du Premier ministre Ousmane Sonko, opposant à l'époque. « Nous avons fait notre travail de donner la parole à quelqu'un dont les Sénégalais voulaient écouter la version. Comme nous l'avions fait à l'époque, en 2023, quand l'actuel premier ministre était dans l'opposition et qu'il s'était enfui de Dakar pour aller se réfugier en tant que fugitif à Ziguinchor.

Un de nos confrères, Pierre Édouard Faye (Walfadjiri TV) l'a interviewé», a-t-il ajouté. Selon Mamadou Ibra Kane, la presse doit continuer la mobilisation pour faire reculer le pouvoir. « Il faut que nous continuions de nous battre parce que certes, on a libéré nos confrères, mais jusqu'à présent, le nouveau régime veut simplement la liquidation pure et simple de la presse privée.

Le nouveau régime nous doit de l'argent, l'État du Sénégal doit de l'argent aux entreprises de presse privée, mais refuse de payer cet argent. L'Assemblée nationale a voté deux subventions aux médias, ce qu'on appelle l'aide à la presse. À cause de considérations politiques, le ministre de la Communication ne veut pas distribuer l'aide à la presse », a-t-il dénoncé.

Et de poursuivre, « Ousmane Sonko a eu l'outrecuidance, en tant que Premier ministre du Sénégal, de demander à tous les démembrements de l'État, les ministères, les agences nationales, les sociétés nationales, de résilier de manière unilatérale les contrats avec la presse privée et d'autres actes ont été posés qui montrent que ce nouveau régime comme l'a confessé le Premier ministre lors de son voyage en Chine, veut installer un parti-État.

Un parti État ne passera pas au Sénégal! Nous n'allons pas revenir sur des conquêtes démocratiques que nos grands-parents, nos parents, nos anciens confrères ont conquises au public.

La liberté de la presse consacrée par la Constitution du Sénégal et la liberté d'expression consacrée par la Constitution nationale du Sénégal doivent continuer à survivre à toutes les alternances politiques pour que notre peuple puisse continuer ».

Prenant la parole, le président de la Convention des jeunes reporters du Sénégal, Mamadou Diagne a regretté la situation. « Ce qui s'est passé ces deux derniers jours, est regrettable. On ne pensait pas que de telles choses pourraient se reproduire dans notre pays », regrette-t-il. Non sans appeler à la nécessité d'un dialogue entre la presse et les autorités.

Quant à la directrice de la 7Tv, Maimouna Ndour Faye, elle a fait savoir que son intention n'a jamais été d'attenter à la Sûreté de l'Etat. « Je n'ai jamais envisagé d'atteinter à la sûreté de l'Etat. Jusque-là, nous n'avions eu qu'une seule version des faits : l'opinion publique était dans le droit d'avoir la version de Madiambal Diagne.

J'ai toujours agi ainsi. C'était ma seule et unique motivation. Je n'ai pas donné la parole à un terroriste ni à un rebelle. Le Code de la presse et les lois et règlement du Sénégal n'interdisent pas d'interviewer une personne qui est sous le coup d'un mandat », a précisé Maïmouna Ndour Faye.

Toutefois, s'est-elle empressée de dire : « Si j'ai pu offenser les institutions, je m'en excuse. La TDS n'a pas le droit de couper les signaux de télévision. Il nous fait subir un manque à gagner. J'invite aussi le ministre de la Communication à respecter les lois du pays. Ce n'est pas son rôle d'enjoindre de couper les signaux, c'est celui du Cnra ».

Les représentants des organisations de presse ont réaffirmé leur disponibilité à dialoguer avec les autorités afin de trouver des solutions durables au climat de tension entre les médias et le pouvoir en place, tout en appelant les confrères à plus de solidarité.

Pour rappel, Babacar Fall et Maimouna Ndour Faye ont été interpellés, avant d'être libérés, à la suite d'une diffusion d'une interview avec le patron du Groupe Avenir Communication Madiambal Diagne qui est actuellement sous le coup d'un mandat international. Il réside présentement en France.

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