Bénin: L'adoption d'une nouvelle réforme constitutionnelle suscite de vifs débats dans la classe politique

L'adoption par les députés béninois d'une réforme constitutionnelle à la majorité requise des quatre cinquièmes à l'aube de la journée du samedi 15 novembre suscite de nombreuses réactions dans le pays. Immédiatement dénoncée par l'opposition, la réforme - qui prévoit entre autre la création d'un Sénat et un allongement du mandat présidentiel et législatif de cinq à sept ans dès les élections de 2026 - est en revanche soutenue par la majorité présidentielle.

La réforme constitutionnelle à peine adoptée à la majorité requise des quatre cinquièmes à l'aube de la journée du samedi 15 novembre, les réactions n'ont pas tardé au Bénin.

Dans les rangs de l'opposition, c'est d'abord la création d'une seconde chambre parlementaire qui suscite de vives critiques. Alors que certains, à l'image du député Les Démocrates Kolawolé Djiman Ogbon, s'indignent du fait que ses « membres ne [seront] pas élus et vont [donc] siéger sans aucun mandat du peuple », d'autres estiment que ce nouveau Sénat est une institution créée sur-mesure pour le président Patrice Talon afin que celui-ci puisse garder le contrôle sur le futur président élu.

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Traditionnellement, les sénateurs sont des élus, mais ici, un ancien président de la République, un ancien membre de la Cour constitutionnelle, est d'office membre du Sénat.

« C'est faux, rétorque pour sa part le député de la majorité présidentielle Abdoulaye Gounou qui dément catégoriquement qu'il s'agisse d'« une création pour [Patrice] Talon. Ces commentaires n'ont rien à voir avec les objectifs de la révision [constitutionnelle] », ajoute-t-il tandis que les partisans du texte insistent sur le fait qu'il faudra considérer ce Sénat plutôt comme un conseil des sages.

« Tricherie »

Depuis le vote de la réforme, Les Démocrates se disent par ailleurs très surpris que la majorité des quatre cinquièmes requise pour son adoption ait été atteinte. Refusant de croire qu'un tel résultat puisse être lié à des défections dans leurs rangs, le député Habibou Woroucoubou estime qu'il y a eu « tricherie. Le vote doit être purement et simplement annulé », renchérit celui-ci alors que plusieurs membres de l'opposition évoquent une coupure de courant suspecte qui aurait eu lieu pendant le dépouillement du scrutin.

À ces accusations, la majorité répond, elle, que l'adoption du texte est le fruit de pourparlers menés en coulisses. « Nous avons passé toute une nuit et toute une journée à négocier avec certains d'entre eux à l'esprit plus ouvert. Le vote étant secret, ce sont eux qui ont accepté de nous accompagner », reprend ainsi Abdoulaye Gounou tandis que le président de la commission des lois Orden Alladatin ironise : « Que ne vont-ils pas inventer pour couvrir leur plaie ! ».

Une fois promulgué par le président, le texte deviendra officiellement la seconde révision constitutionnelle de la gouvernance Talon.

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