Bénin: L'autre combat de Talon

17 Novembre 2025

L'Assemblée nationale béninoise a adopté, le 14 novembre 2025 par 90 voix contre 19, une modification de la Constitution. Plusieurs changements structurants émergent de cette révision.

Le plus marquant est sans doute l'allongement du mandat présidentiel de 5 à 7 ans, avec une seule possibilité de renouvellement, comme auparavant. Cette extension confère un cycle politique plus long au chef de l'Etat, modifiant les dynamiques électorales. De plus, la réforme introduit un Parlement bicaméral, avec la création d'un Sénat venant compléter l'Assemblée nationale.

Il s'agit d'une reconfiguration profonde de l'architecture institutionnelle, destinée officiellement à renforcer l'équilibre des pouvoirs. Dans le même mouvement, les mandats des députés sont eux aussi étendus à 7 ans, avec possibilité de renouvellement. Enfin, au niveau local, la durée des fonctions des maires et conseillers communaux est également portée à 7 ans, consolidant ainsi un cycle politique unifié à tous les échelons de gouvernance.

Si ces changements peuvent être analysés comme une tentative d'instaurer une plus grande stabilité institutionnelle, ils nourrissent également diverses lectures géopolitiques et régionales. En effet, la question de la succession politique au Bénin prend une dimension plus sensible.

Restez informé des derniers gros titres sur WhatsApp | LinkedIn

La réforme, combinée aux dynamiques régionales, laisse entrevoir une manoeuvre du Président Talon qui a promis de ne pas briguer un 3e mandat, d'assurer ses arrières, en ouvrant un boulevard à son dauphin, l'actuel ministre de l'Economie et des Finances, Romuald Wadani. Il n'y a qu'à scruter les réformes engagées depuis mars 2024 pour se convaincre du verrouillage progressif de l'espace politique au Bénin, jadis présenté comme une vitrine de la démocratie en Afrique de l'Ouest.

En tous les cas, cette réforme de la constitution s'inscrit dans un ensemble de rapports de force internes et externes et reflète un moment où le Bénin, entre stratégies nationales, dynamiques régionales et influences internationales, redéfinit les règles de son jeu politique pour les années à venir.

Il est évident que des influences extérieures y contribuent fortement, surtout que des puissances occidentales, « chassées » des pays de la Confédération AES, cherchent à maintenir des points d'ancrage en Afrique de l'Ouest. Permettre à un opposant de prendre le pouvoir au Bénin reviendrait à les éloigner davantage d'une zone stratégique où elles perdent inéluctablement du terrain. Ceci explique donc cela !

 

AllAfrica publie environ 600 articles par jour provenant de plus de 110 organes de presse et plus de 500 autres institutions et particuliers, représentant une diversité de positions sur tous les sujets. Nous publions aussi bien les informations et opinions de l'opposition que celles du gouvernement et leurs porte-paroles. Les pourvoyeurs d'informations, identifiés sur chaque article, gardent l'entière responsabilité éditoriale de leur production. En effet AllAfrica n'a pas le droit de modifier ou de corriger leurs contenus.

Les articles et documents identifiant AllAfrica comme source sont produits ou commandés par AllAfrica. Pour tous vos commentaires ou questions, contactez-nous ici.