Tunisie: Samer Hanna apporte la comédie musicale libanaise aux Journées Théâtrales de Carthage

TUNIS — Le metteur en scène libanais Samer Hanna a présenté à Tunis « Paradisco », une comédie musicale rétro et onirique inspirée des années 80.

En compétition officielle arabe et africaine aux Journées Théâtrales de Carthage (JTC) 2025, le spectacle à l'esthétique Brodway, confirme l'émergence d'un genre encore peu présent sur les scènes arabes.

Un an après avoir présenté "Tnein Bil Leil" aux JTC, Samer Hanna est revenu à Tunis avec une nouvelle création, « Paradisco », une comédie musicale haute en couleur, nourrie de nostalgie et portée par une énergie communicative.

Sélectionnée en compétition officielle, la pièce a attiré un public nombreux au théâtre Le 4e Art, où deux représentations, à guichet fermé, étaient programmées. Celle de l'après-midi a finalement commencé avec près d'une heure de retard, mais l'attente n'a pas découragé les spectateurs. Au contraire, dans le hall on discutait des spectacles du festival, de la scène libanaise, des nouveautés du théâtre arabe. L'ambiance conviviale ressemblait déjà à l'avant-goût d'un spectacle joyeux.

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Quand les portes se sont enfin ouvertes, et que la troupe est apparue sur scène, souriante et visiblement heureuse d'être là, la salle a immédiatement répondu.

● Un univers rétro pour parler de la fragilité humaine

Paradisco transporte le public dans un décor inspiré des années 80 : néons, couleurs vives, costumes rétro. À travers cet univers éclatant, huit personnages se retrouvent piégés dans un espace étrange, - un "purgatoire" fantaisiste où les émotions se chantent.

La pièce, qui dure une heure quarante, enchaîne onze chansons, une chorégraphie originale et un jeu théâtral qui oscille entre comédie, surréalisme et drame. Derrière la légèreté apparente, « Paradisco » aborde des thèmes universels : la fragilité des relations humaines, l'amour, la trahison, la quête de soi, la confrontation avec la mort.

Samer Hanna raconte tout cela en dialectal libanais, mais sur une musique qui mélange influences orientales et occidentales. Un choix qui reflète la diversité de son public, et surtout sa volonté de proposer un théâtre accessible sans renoncer à la profondeur.

Le synopsis suit deux hommes, Fouad et Amir, qui se retrouvent dans ce monde rétro où ils croisent d'autres personnages perdus. Ensemble, ils cherchent à comprendre ce qui les a conduits là et comment avancer. Chaque chanson dévoile un morceau de leur histoire, comme un pont émotionnel entre les différentes scènes.

● Dans les loges, un artiste passionné et accueillant

Après la représentation, Samer Hanna accueillait les journalistes dans les loges du théâtre. À l'image de son spectacle, le ton était simple, chaleureux, presque intime. Dans un bref entretien avec l'agence TAP, il parlait de son travail, de son équipe, de sa joie d'être à Carthage pour la deuxième fois, un soulagement de retrouver un Liban où, après une période difficile, les artistes recommencent à jouer et à créer.

Il insistait sur un point, pour lui le lien avec le public est essentiel. « L'interaction se construit petit à petit. La musique aide beaucoup », explique-t-il, soulignant combien chaque représentation dépend de la présence de la salle.

● Un genre encore peu exploré mais qui séduit

Diplômé de l'Institut des beaux-arts de l'Université libanaise, Samer Hanna partage son temps entre la télévision et la scène, même s'il avoue préférer le théâtre. Avec sa compagnie Jukebox Productions, il développe depuis quelques années un style très personnel où se mêlent musique, danse, comédie et drame.

Au Liban, il présente souvent ses pièces dans des salles comme le théâtre Monnot à Beyrouth, lieu emblématique de la vie culturelle du pays, où le public est habitué à découvrir des oeuvres contemporaines, parfois engagées, souvent audacieuses.

La comédie musicale, bien qu'encore minoritaire dans le monde arabe, commence à trouver sa place. Hanna citait notamment, lors de l'entretien, le travail de Roy el-Khouri, figure du théâtre musical libanais. Et partout dans la région, des artistes comme Georges Khabbaz, très connu en Tunisie et dans tout le monde arabe pour son théâtre social et engagé, ont ouvert la voie à une diversité de formes théâtrales.

● Un pari assumé aux JTC

Aux JTC, où dominent souvent les pièces expérimentales, politiques ou très conceptuelles, « Paradisco » apporte une tonalité différente. Le spectacle assume son côté drôle, coloré, rétro, sans renoncer à un message plus profond. Un pari qui a séduit.

Le public du 4e Art, habitué à des oeuvres exigeantes, s'est laissé emporter par cette parenthèse légère, presque nostalgique, qui rappelle une époque plus insouciante.

Pour Samer Hanna, être sélectionné pour représenter le Liban dans la compétition officielle est déjà une étape importante. Le jeune metteur en scène rêve maintenant de présenter ses pièces dans des festivals européens, convaincu que le théâtre musical arabe a sa place sur les grandes scènes internationales.

Avec « Paradisco », il confirme une signature artistique faite de musique, de mouvement et d'émotion, et s'impose comme l'une des voix montantes du théâtre contemporain libanais.

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