Au Bénin, l'Église catholique n'est pas insensible aux enlèvements et attaques qui viennent de viser des chrétiens au Nigeria.
Les violences visant des églises et des écoles catholiques au Nigeria inquiètent de l'autre côté de la frontière, au Bénin voisin. Et lorsque Donald Trump parle de "persécutions systématiques", le débat franchit un nouveau cap.
Au Bénin, l'Église catholique n'est donc pas insensible à cette nouvelle crise. Alors, comment préserver la paix religieuse dans un contexte sous-régional sous tension ?
Dimanche dernier (23.11), à Parakou, la messe à la cathédrale Saint-Pierre Saint-Paul sest ouvert dans un climat de recueillement particulier. L'Église catholique du Bénin suit de près les récents actes de violence survenus dans plusieurs églises et écoles catholiques du Nigeria voisin.
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Ces attaques ont été condamnées par la communauté internationale et leur impact a été ravivé, ces derniers jours, par de nouvelles déclarations du président américain, Donald Trump, qui a parlé de "persécutions systématiques des catholiques au Nigeria".
Au Bénin, l'inquiétude existe, mais l'Église appelle surtout à éviter l'amalgame et à maintenir un climat de paix. Le message est celui de la solidarité, de la prudence... et du dialogue.
Ernest Déguénonvo, prêtre et vicaire général dans l'archidiocèse de Parakou, explique que "l'Eglise compatit parce que je me rappelle, à un moment, l'évêque de Cotonou, qui est le président de la Conférence épiscopale du Bénin, a demandé de prier pour nos églises africaines persécutées. Parce que c'est récurrent maintenant, dans beaucoup de pays africains, on kidnappe les prêtres, même les évêques."
Favoriser le dialogue entre les religions
Un appel à la prière, mais aussi à la modération. Cela rejoint l'approche de la Conférence épiscopale du Bénin, engagée depuis plusieurs années dans des programmes de dialogue interreligieux.
Dans les écoles catholiques, on organise par exemple des séances de sensibilisation à la tolérance, à la gestion non violente des conflits et à la citoyenneté responsable.
Dans tous les diocèses, des comités mixtes réunissant les leaders de toutes les confessions religieuses travaillent ensemble pour consolider ce climat de confiance si précieux, sous le leadership de l'Église catholique.
Le père Ernest Déguénonvo estime qu'il s'agit de "rappeler que nous sommes appelés à vivre en frères et soeurs, rappeler que nous sommes dans une dynamique de complémentarité, rappeler cette différence qui est constitutive de l'être que nous sommes. Si nous sommes les mêmes, le monde est monotone. Si nous faisons les mêmes choses, il n'y a pas de développement. C'est dans la différenciation que nous nous enrichissons."
Compassion envers les chrétiens du Nigeria
Et la communauté chrétienne catholique béninoise n'est pas insensible à la situation que subit celle du Nigeria voisin. Boris est un fidèle catholique de la ville de Parakou affirme que "ce qui se passe au Nigeria nous touche, bien sûr. Et nous, catholiques béninois, nous compatissons. Mais ici, nous devons protéger ce que nous avons : la paix. Et ça commence par l'éducation, le respect de l'autre".
Une conviction largement partagée, ce dimanche, où les chrétiens célébraient le Christ-Roi. Et pourtant, le Bénin n'est pas à l'abri, prévient le père Ernest Déguénonvo : "On dit que Dieu aime le peuple béninois. Mais dites-moi s'il y a un peuple que Dieu n'aime pas ? C'est pour dire quoi ? Nous n'avons pas un gage particulier de sécurité ou de paix. Et si la maison du voisin brûle et qu'on ne dit rien, c'est la nôtre qui prend feu. La différence, ici, c'est que les raisons qui sous-tendent ces manifestations là-bas ne peuvent pas être transportées chez nous. Et c'est là seulement que nous avons un peu de garantie."
Alors que les tensions régionales rappellent l'urgence de consolider le vivre-ensemble, l'Église catholique du Bénin mise sur le dialogue et la vigilance sereine. La messe s'est achevée par une prière, adressée à toutes les victimes... quelle que soit leur confession.