Afrique: 111 journalistes tué·es cette année, selon la FIJ

communiqué de presse

Depuis 1990 et le lancement de sa liste annuelle des tués, la FIJ déplore 3156 mort·e·s dans le monde, soit 91 mort·e·s en moyenne par an, et 859 ces dix dernières années.

La Fédération a également publié la liste des 533 journalistes emprisonné·es qui confirme la République de Chine comme le plus grand geôlier au monde.

Pour la troisième année consécutive, le Moyen-Orient et le monde arabe est la région la plus meurtrie

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Avec 69 meurtres, dont 51 en Palestine, cette région concentre 62% du total des professionnel·les des médias tué·es. Le Yémen arrive en deuxième position avec 13 morts, suivi de l'Ukraine avec huit mort·es. Le Soudan compte six morts, l'Inde quatre, et plusieurs autres pays, dont les Philippines, le Mexique, le Pérou et le Pakistan, ont chacun perdu trois journalistes.

Ces chiffres démontrent une concentration extrême du danger dans les zones de conflit et soulignent l'urgence de renforcer la protection des professionnel·les des médias et de poursuivre en justice celles et ceux qui tuent des journalistes.

En 2024, la FIJ avait recensé 122 décès, dont 14 femmes, ainsi que 516 journalistes emprisonné·es.

Moyen-Orient et monde arabe (69)

La région du Moyen-Orient et du monde arabe détient le triste record du nombre de journalistes tué·es, avec 69 mort·e·s.

Les journalistes palestinien·nes ont payé le tribut le plus lourd, notamment en raison de la guerre à Gaza, où la FIJ a enregistré 51 morts. L'attaque ciblée du 10 août contre Anas Al-Sharif, reporter d'Al Jazeera, a été l'un des cas les plus emblématiques : il a été tué avec cinq autres journalistes et professionnels des médias dans le bombardement d'une tente qui abritait les journalistes en périphérie de l'hôpital Al Shifa, dans la ville de Gaza.

Au Yémen, une attaque de l'armée israélienne contre les bureaux du journal 26-Septembre a coûté la vie à 13 journalistes et professionnels des médias, l'une des pires attaques jamais dirigées contre un organe de presse.

Des journalistes ont également été pris·es pour cible et tués en Syrie (2) et en Iran (2) où une mort accidentelle est à déplorer, portant à trois le nombre de journalistes tués en Iran.

Les gouvernements de la région ont aussi multiplié les mesures visant à étouffer la liberté de la presse, semant la peur parmi les voix critiques : 74 journalistes sont actuellement emprisonné·es, principalement en Israël (41 journalistes palestinien·nes détenu·es), en Égypte (15) et au Yémen (11).

Asie-Pacifique (15)

La FIJ déplore le meurtre de 15 journalistes : quatre en Inde, trois au Pakistan, trois aux Philippines, deux au Bangladesh, deux en Afghanistan et un au Népal.

La FIJ pointe le meurtre particulièrement brutal du journaliste indien Mukesh Chandrakar, battu à mort avec une barre de fer pour ses reportages, puis retrouvé dans une fosse septique.

La région Asie-Pacifique reste celle qui emprisonne le plus de journalistes : 277 sont actuellement derrière les barreaux. Avec 143 journalistes emprisonné·es, la Chine (incluant Hong Kong) demeure la plus grande prison au monde pour les professionnel·les des médias. Elle est suivie du Myanmar (49) et du Vietnam (37).

Europe (10)

La FIJ a recensé 10 meurtres en Europe : huit en Ukraine, un en Russie et un en Turquie.

C'est la troisième fois en dix ans que l'Europe enregistre un tel niveau de violence, d'abord en 2015 avec l'attentat en France contre Charlie Hebdo, puis en 2022 après l'invasion russe de l'Ukraine. Cette année, la guerre entre la Russie et l'Ukraine a été particulièrement meurtrière, avec neuf journalistes tué·es.

Le rapport met aussi en lumière une tendance alarmante : l'usage de drones pour cibler directement des journalistes ou leurs véhicules. Les journalistes ukrainien·nes Olena Hramova, Yevhen Karmazin et Tetyana Kulyk, ainsi que le journaliste français Antoni Lallican, ont été délibérément tué·es par des drones russes. Le journaliste russe Ivan Zuev a également été tué lors d'une attaque similaire.

En Europe, le nombre de journalistes emprisonné·es (149) a augmenté de près de 40 % en un an, principalement en Azerbaïdjan et en Russie, un record depuis 2018.

Afrique (9)

Neuf professionnels des médias ont été tués en Afrique en 2025. Le Soudan reste l'épicentre de ces violences, avec six décès. Depuis le début du conflit le 15 avril 2023, les journalistes couvrant la guerre civile sont ciblé·es, notamment par les Forces de soutien rapide (RSF).

Ailleurs, la FIJ note un meurtre au Mozambique, un en Somalie et un au Zimbabwe.

Vingt-sept journalistes restent emprisonné·es en Afrique, souvent sur la base d'accusations fabriquées. L'Érythrée (7) demeure le plus grand geôlier du continent, certains journalistes étant détenu·es depuis plus de dix ans. Dans de nombreux pays, les législations nationales servent encore d'outil pour faire taire la presse.

Amériques (8)

Huit meurtres ont été enregistrés cette année. Le Mexique et le Pérou sont les pays les plus dangereux de la région, avec trois journalistes assassinés en 2025.

Au Pérou, la situation devient alarmante dans un pays qui n'avait plus connu de meurtre de journaliste depuis près de dix ans.

Enfin, la Colombie et l'Équateur comptent chacun un mort.

Par ailleurs, la FIJ recense six journalistes emprisonné·es dans la région, dont quatre au Venezuela.

La présidente de la FIJ, Dominique Pradalié, a déclaré:

« Les assassinats et les emprisonnements de journalistes sont en hausse en 2025, et il est profondément honteux de constater le manque de réaction des gouvernements du monde entier, qui ne font rien pour les protéger ou défendre les principes fondamentaux de la liberté de la presse. Au contraire, nous assistons à des attaques directes, à des tentatives flagrantes de réduire au silence les voix critiques et de contrôler du narratif, des faits qui constituent des violations du droit international.

Le monde doit prendre la mesure de ces attaques brutales contre les journalistes et des tentatives croissantes de restreindre le droit du public à une information pluraliste et indépendante. Il est temps, il est même plus que temps, d'adopter un instrument international dédié à la sécurité et à la protection des journalistes.

Nous appelons les États membres des Nations unies à agir sans délai.

Plus que jamais, les populations du monde entier ont droit à une information complète, et les journalistes doivent être protégé·es contre toute tentative de les réduire au silence. Nous demandons justice. »

Téléchargez la liste des journalistes tués ici.

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