Pour la première fois depuis la création de la Coupe d'Afrique des nations, les télévisions publiques et privées gratuites du continent, dont la RTI, ne pourront pas diffuser l'intégralité des rencontres. Bien qu'elles aient pourtant payé leurs droits auprès de la CAF, les chaînes gratuites n'auront accès qu'à 32 matchs sur les 52 prévus pour la CAN 2025 au Maroc, qui débute le 21 décembre 2025.
Sauf revirement de dernière minute, TOUTE la compétition sera diffusée en exclusivité par Canal+, qui aurait imposé cette condition à la CAF après le rachat du géant sud-africain Multichoice.
Ainsi, la RTI - tout comme ses homologues africaines - sera privée d'une partie des matchs de poule, et ne pourra diffuser que la moitié des huitièmes, des quarts et des demi-finales. Une rupture totale avec une tradition panafricaine solidement installée, permettant jusque-là aux chaînes nationales de proposer gratuitement l'intégralité de cette compétition financée en grande partie par les États africains eux-mêmes. Une privation d'accès qui frappe en premier lieu les populations les plus modestes, incapables de s'offrir un abonnement Canal+.
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Réunies le 22 novembre 2025 à Lomé, vingt chaînes gratuites africaines ont dénoncé le choix de la CAF. Elles affirment que Canal+ aurait proposé une somme financière considérable en échange d'une exclusivité totale sur les 52 matchs au bénéfice de sa chaîne Canal+ Sport, reléguant au second plan les partenaires historiques que sont les télévisions publiques et privées du continent.
Un directeur de télévision au Cameroun s'indigne :
« Comment la CAF peut-elle jouer le jeu de Canal+ et priver les télévisions nationales africaines, alors que ce sont les États qui financent la CAN ? Les chaînes africaines voient déjà les annonceurs se retirer après l'annonce de la réduction de leurs droits de diffusion. »
Conséquence : des millions de téléspectateurs en Afrique découvriront qu'ils ne pourront suivre ni la moitié des huitièmes, ni la moitié des quarts, ni celle des demi-finales. Une situation jugée « catastrophique » et porteuse d'une forte frustration chez les passionnés du football africain.
Pour plusieurs observateurs, cette décision intervient dans un contexte dominé par l'expansion de Canal+ sur le continent. Le groupe français a acquis 94 % des parts du sud-africain Multichoice, propriétaire de DSTV et GOTV, pour environ 3 milliards de dollars. Finalisée en septembre 2025, cette opération confère à Canal+ une position quasi monopolistique sur la télévision payante en Afrique, renforçant ainsi son influence auprès des dirigeants de la CAF.
Un responsable des droits sportifs d'une grande chaîne nigériane s'insurge : « C'est une injustice historique. La CAN est une compétition africaine que les chaînes africaines doivent pouvoir diffuser dans son intégralité, comme cela a toujours été le cas. »
À deux semaines du coup d'envoi, une vingtaine de pays anglophones, francophones et lusophones ont formé un collectif pour dénoncer une pratique qu'ils jugent « injuste et méprisante ».
Ils affirment n'avoir reçu aucune réponse de la CAF à leur courrier officiel de novembre 2025 ni à leur déclaration de Lomé.
Un consultant sénégalais spécialiste du football africain conclut :« Les gouvernements devront expliquer aux populations pourquoi elles ne pourront pas suivre la CAN comme d'habitude. Comment justifier que des citoyens doivent payer un abonnement Canal+ pour regarder une compétition financée par leurs propres États ? Le silence des dirigeants face au combat des télévisions nationales est incompréhensible. »