Congo-Brazzaville: Droits de l'homme au pays - Le CAD demande la mise en oeuvre d'une commission d'enquête indépendante

Le Centre d'action pour le Développement (CAD) a rendu public, le 9 décembre à Brazzaville, son rapport annuel 2025. Dans ce document d'une centaine de pages, l'organisation met en lumière les faiblesses en matière de droits de l'homme et formule des recommandations.

Le rapport, fruit d'enquêtes de terrain et d'entretiens menés conformément aux normes nationales et internationales, se veut un outil de mémoire, de plaidoyer et d'alerte. « Il fournit une base pour canaliser les actions des pouvoirs publics », a expliqué Trésor Nzila, directeur exécutif du CAD, lors de la présentation.

Les investigations ont été conduites dans sept des quinze départements du pays. « Nous le faisons par obligation d'informer, d'alerter et de dresser le bilan des droits humains dans notre pays », a rappelé Trésor Nzila.

Dans son rapport intitulé « Quand le déni des droits humains est au pouvoir », le CAD constate une progression inquiétante des violences. En 2024, l'organisation avait documenté 1 814 violations des droits civils et politiques, représentant 22 % des 8 216 violations toutes catégories confondues. En 2025, ce chiffre a plus que doublé, atteignant 4 182 violations, soit une augmentation de 131 %.

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« En 2025, les cas de violence ont presque doublé. L'activisme militaire a mis à nu l'inefficacité des institutions de l'État, incapables de sanctionner ou de condamner les crimes commis », a déploré Trésor Nzila, insistant sur l'urgence de rétablir la primauté de la loi.

Le CAD s'inquiète également du « recours systématique à la force » pour répondre à des enjeux sociaux et alerte sur une jeunesse « durablement exposée au spectacle de la souffrance et de l'humiliation ».

Recommandations du CAD

Pour améliorer la situation des droits humains, le CAD émet plusieurs recommandations à l'endroit des pouvoirs publics, de la société civile et des partenaires internationaux. Elle suggère la mise en place d'une commission d'enquête indépendante réunissant société civile, pouvoirs publics et familles des victimes. Selon le CAD, « cette commission ne nécessite pas un budget important mais juste une volonté politique. Elle contribuerait à restaurer la confiance nationale et à soigner l'image du pays à l'international ».

Le CAD plaide également pour l'instauration d'un registre centralisé dans les lieux de détention, l'indemnisation des familles dont les maisons ont été détruites par des agents de la DGSP et le rapatriement et la protection des autochtones congolais du département de la Likouala qui seraient actuellement exploités dans des champs de cacao en République démocratique du Congo.

La conférence de presse de présentation du rapport s'est déroulée dans le cadre du Festival Slam pour les droits humains, organisé du 8 au 10 décembre à Brazzaville, un événement visant à sensibiliser le public aux enjeux liés aux droits fondamentaux.

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