Afrique: CAN - Ces héros peu connus qui ont illuminé la Coupe d'Afrique

Ils ne s'appellent ni Samuel Eto'o, ni Mohamed Aboutrika, ni Yaya Touré. Pourtant, leurs exploits en CAN ont marqué l'histoire du football de leur pays et de l'Afrique. À l'écart des projecteurs aujourd'hui, Luciano Vassallo, Ahmed Faras, Ad-Diba, François M'Pelé et George Alhassan ont écrit, chacun à leur manière, quelques-unes des plus belles pages de la CAN. Retour sur le parcours de ces cinq héros discrets.

Luciano Vassallo (Éthiopie) : la revanche du « métis »

Né à Asmara en 1935, dans l'Éthiopie italienne, d'une mère érythréenne et d'un militaire italien, Luciano Vassallo grandit dans la double marginalité : rejeté par les colons italiens, et pas tout à fait accepté par les Érythréens. On ne l'accepte pas à l'école, la rue devient son premier terrain de jeu. Doué balle au pied, il va profiter de la CAN 1962 pour s'offrir l'occasion de prendre sa revanche sur le destin.

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Capitaine de l'équipe d'Éthiopie, Vassallo entre dans l'histoire en menant les siens à la victoire lors d'un tournoi resté mythique à Addis-Abeba. Pendant cette compétition, il inscrit un doublé décisif en demi-finale contre la Tunisie, puis soulève le trophée avec son frère Italo. Mais, l'histoire ne s'arrête pas là. Élu meilleur joueur de la compétition, il devient, et reste, le seul Éthiopien à avoir reçu un tel honneur.

Après le football, la vie lui réserve d'autres défis. Accusé de connivence avec l'ancien régime qui l'avait grandement célébré, il est arrêté lors de l'arrivée au pouvoir de Mengistu Hailè Mariàm. L'ex-capitaine des Walya est sauvé d'une mort certaine par un gardien de prison fan de foot et du talent de Vassallo, qui l'aide à fuir vers Djibouti. Il est décédé le 16 septembre 2022 à 87 ans à Osti, en Italie.

Ahmed Faras (Maroc) : à jamais le premier

Ahmed Faras, c'est d'abord l'histoire d'un homme et d'un club. Né à Mohammedia, il s'attache à son club de toujours et vivra une belle histoire d'amour avec la Jeunesse de Mohammedia, avec laquelle il dispute 784 matchs et inscrit 231 buts. Mais au-delà de Mohammedia, c'est sous le maillot national que sa légende s'écrit.

En 1976, il guide le Maroc vers son unique triomphe à la CAN, en Éthiopie, avec trois buts décisifs lors du tournoi. Capitaine exemplaire, il incarne la fierté d'un peuple tout entier.

Ahmed Faras était une idole, une légende du foot marocain, la présence de légendes du football mondial comme Sonny Anderson, Rivaldo, Cafu ou Roger Milla lors de son jubilé en 2019 en atteste. « Ahmed Faras a été l'un des plus grands footballeurs d'Afrique », avait ainsi témoigné Roger Milla.

Premier Marocain à décrocher le Ballon d'Or africain en 1975, Faras reste à ce jour le meilleur buteur de l'histoire des Lions de l'Atlas (36 buts en 94 sélections), devant Salaheddine Bassir (27 buts) et Hakim Ziyech (25 buts).

François M'Pelé (Congo-B) : il a résisté à Mbappé...

François M'Pelé, c'est le trait d'union entre Brazzaville et Paris. Formé au Standard de Brazzaville, il devient la première idole du tout jeune Paris Saint-Germain fondé en 1970, après avoir brillé à Ajaccio.

Mais, c'est en 1972, un an avant son arrivée au PSG, lors de la CAN au Cameroun, que son nom entre dans la légende : il inscrit un but décisif lors de la finale opposant le Congo au Mali, offrant à son pays un sacre historique.

À Paris, à peine arrivé, il aide immédiatement le club parisien à monter en première division. Avec le PSG, il inscrit 95 buts, dont 28 en Coupe de France ; un record qui tiendra 45 ans, avant que Kylian Mbappé ne le dépasse en 2024.

En 2021, âgé de 74 ans, l'ex-avant-centre avait été invité à assister à la rencontre Reims-PSG et a été honoré pour l'occasion. M'Pelé reste une figure tutélaire pour les Congolais, pour Paris, pour la CAN.

Ad-Diba (Égypte): le premier des Pharaons

Au commencement, il y a Mohamed Diab Al Attar, plus connu sous le sobriquet d'Ad-Diba. C'est le pionnier absolu, le premier à inscrire son nom en lettres d'or sur la CAN. Nous sommes en 1957, au Soudan, pour la toute première édition d'une compétition qui ne ressemble encore qu'à un rêve d'unité africaine. L'Égypte, avec son avant-centre d'Al Ittihad Alexandrie, va s'imposer et remporter la toute première Coupe d'Afrique.

Mais c'est Ad-Diba qui en devient le héros : cinq buts dans le tournoi, dont quatre en finale contre l'Éthiopie (4-0). Un record éternel.

L'anecdote veut que ce jour-là, Ad-Diba ait joué blessé, refusant de quitter la pelouse tant que son pays n'avait pas triomphé. Son quadruplé reste unique dans l'histoire des finales de la CAN. Plus tard, il deviendra arbitre et officiera lors de la finale de la CAN 1968, un exploit rare pour un ex-international.

George Alhassan (Ghana) : le Brésilien

« Je suis sans doute le meilleur footballeur ghanéen de tous les temps », osa-t-il déclarer il y a quelques années. « Je me donne cette distinction sur la base de ce que j'ai accompli comme footballeur. J'ai remporté la CAN deux fois et j'ai été meilleur buteur de l'édition 1982. J'ai également remporté deux fois le titre de meilleur buteur du championnat ghanéen. »

George Alhassan, né à Kumasi, a en effet incarné la réussite ghanéenne des années 1970-80. Surnommé « Jair » en référence à Jairzinho, tant son style faisait penser au Brésil, il est resté une grande légende des Black Stars avec deux CAN remportées (1978 et 1982), et un titre de meilleur buteur de l'édition libyenne (quatre réalisations).

À la veille de la demi-finale contre l'Algérie en 1982, George aurait même promis à ses coéquipiers de marquer au moins deux fois. Il tiendra parole, en signant un doublé qui propulsera le Ghana vers sa quatrième étoile continentale. Depuis, aucun Black Star n'a fait mieux.

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