Mali: Nouvelles opérations du Jnim et de l'armée, l'approvisionnement en carburant reste assuré mais limité

Au Mali, de nouvelles attaques jihadistes et de nouvelles opérations antiterroristes de l'armée ont été rapportées mercredi 10 décembre : après une période d'accalmie, les hostilités ont bel et bien repris.

Le Jnim, lié à al-Qaïda, a décrété début septembre un embargo sur les importations de carburant dans le pays. Le Mali a connu de longues semaines de pénurie massive. Une pause dans les attaques jihadistes et un renforcement des escortes militaires avaient permis de relancer la circulation des convois et de soulager les Maliens, surtout à Bamako. Actuellement, l'approvisionnement en carburant reste assuré, mais limité, et la reprise des attaques suscite des craintes.

Au Mali, les jihadistes du Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (Jnim) ont mené trois attaques mercredi 10 décembre : la première a visé des camions-citernes entre Bamako et Ouélessébougou, à moins de 80 kilomètres de la capitale. Selon les sources jointes par RFI, un chauffeur a été tué et au moins quatre citernes incendiées. Il n'y a aucun bilan fiable pour la seconde attaque revendiquée par le Jnim entre Dogofri et Diabali, région de Ségou, contre un véhicule de l'armée malienne. Enfin à Nioro du Sahel, dans la soirée, c'est l'institut de formation des maîtres (IFM) qui a été ciblé. L'attaque a fait un mort et un blessé, selon les sources jointes par RFI.

L'armée n'a communiqué sur aucune de ces trois attaques et, sollicitée par RFI, n'a pas donné suite.

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« Terroristes dissimulés sous une forêt touffue »

L'armée a en revanche revendiqué, dans cette même région de Nioro, des frappes aériennes menées la veille, mardi, à Sébabougou, qui ont permis de « traiter avec succès », selon le communiqué de l'état-major diffusé mercredi soir, « un pickup camouflé sous un couvert végétal et contenant des fûts d'essence » et « une base terroriste renfermant un pickup, du carburant et des terroristes dissimulés dans une forêt touffue ».

La fin de l'accalmie dans les attaques de camions-citernes se confirme donc. Samedi 6 décembre, la reprise des hostilités avait été marquée par l'attaque d'un convoi près de Bougouni. Selon les sources locales jointes par RFI, plusieurs dizaines de citernes avaient été détruites et des militaires tués. Une partie du convoi avait pu rejoindre Bamako. L'armée malienne avait reconnu « des tirs terroristes » et assuré que la réaction avait été menée « vigoureusement et promptement », sans préciser de bilan, mais en concluant que « ces escortes restent des priorités opérationnelles pour garantir la libre circulation sur les axes logistiques ».

Files d'attente « acceptables » mais « ça se dégrade progressivement »

Après avoir annoncé il y a trois semaines un durcissement à venir du blocus, le Jnim a diffusé jeudi 11 décembre un nouveau message pour menacer, une fois encore, les opérateurs économiques participant aux convois militaires de représailles. La semaine dernière, ces dirigeants d'entreprises pétrolières et des chauffeurs de camions s'étaient vu décerner des médailles par le président de transition, le général Assimi Goïta. Une distinction attribuée en reconnaissance de leur implication et, pour les chauffeurs tués par le Jnim et décorés à titre posthume, de leur sacrifice.

Quant à la disponibilité de carburant dans le pays, elle reste assurée, mais très limitée et incertaine. À Bamako, les habitants joints par RFI témoignent de nombreuses stations fermées et, dans les autres, de files persistantes mais « acceptables », d'une à deux heures d'attente. Si l'on peut faire le plein d'essence, le gasoil (diesel) est devenu rare dans la capitale. Rien à voir avec la pénurie massive d'il y a quelques semaines, « mais ça se dégrade progressivement et on craint que ça recommence », déclare un Bamakois.

Électricité à Mopti

À Ségou c'est le gasoil que l'on trouve plus facilement et l'essence qui commence à manquer sérieusement. Les files d'attente devant les quelques stations-service ouvertes restent la règle, tout comme à Mopti. Ce qui constitue toutefois une amélioration notable, accompagnée par le retour de plusieurs heures d'électricité par jour, alors que Mopti était privée de courant et de carburant depuis près de deux mois.

La situation est très précaire également à Sikasso, avec peu de stations ouvertes et de longues files d'attente, « mais moins que ces dernières semaines », relève l'un des habitants joints par RFI. Koutiala a reçu sept citernes mercredi : « La satisfaction pour le gasoil est palpable, mais pour l'essence, c'est dérisoire, témoigne un notable de la ville, deux stations sont approvisionnées et il faut faire le rang. » À Koulikouro, on rapporte que les réserves d'essence sont presque terminées.

Où qu'ils se trouvent, la majorité des interlocuteurs joints par RFI expriment sans ambages leurs craintes pour la suite.

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