En Tanzanie, l'Initiative TANIPAC permet d'inverser la tendance face aux aflatoxines

11 Décembre 2025
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African Development Bank (Abidjan)

Au coeur de la Tanzanie, les champs de maïs ondulent sous la brise, porteurs d'espoir. Les agriculteurs, qui craignaient jadis des maladies en consommant leurs propres récoltes, envisagent désormais l'avenir avec confiance.

« Nous avions l'habitude de mélanger du maïs moisi avec du bon maïs et de le consommer. Aujourd'hui, nous le séchons, le trions et le stockons correctement. Aucun membre de notre famille n'est tombé malade », se réjouit un agriculteur.

Pendant des décennies, les aflatoxines, des substances toxiques produites par des moisissures, ont contaminé le maïs et les arachides, provoquant des maladies, des pertes de revenus et des décès dans l'ensemble de la Tanzanie. Entre 2016 et 2017, une épidémie a fait 19 victimes et provoqué l'hospitalisation de 65 personnes.

Images d'un champ de maïs ravagé par les aflatoxines en Tanzanie. « J'ai vu ma fille vomir. Le lendemain matin, ses yeux avaient jauni », raconte Asha Juma, une survivante de l'aflatoxine, originaire de Dodoma. D'autres ont connu des drames : « J'ai perdu ma femme et mes deux enfants », témoigne Salum Abdu, un agriculteur de Dodoma. « Ignorant les risques, nous avons continué à récolter et à consommer du maïs tombé au sol et mal conservé. »

Une réponse nationale

Pour faire face à cette crise, le gouvernement tanzanien, avec le soutien de la Banque africaine de développement et du Programme mondial pour l'agriculture et la sécurité alimentaire (GAFSP, un fonds intermédiaire du Groupe de la Banque mondiale renforçant les efforts multilatéraux de lutte contre l'insécurité alimentaire), a lancé en 2020 l'Initiative tanzanienne de prévention de la contamination par les aflatoxines (« Tanzania Initiative for Preventing Aflatoxin Contamination », TANIPAC). Cette initiative dotée de 33 millions de dollars, ciblant les chaînes de valeur du maïs et de l'arachide, a inversé la tendance concernant l'une des menaces les plus persistantes sur l'agriculture.

Pour les petits exploitants agricoles, la formation aux bonnes pratiques agricoles et à la gestion post-récolte a tout changé.

« Après avoir suivi la formation, je veille désormais à ce que le maïs soit complètement séché dans le champ avant la récolte », précise l'un des bénéficiaires du projet. « Nos familles sont aujourd'hui en bonne santé, nos récoltes sont saines et nos rendements ont doublé », ajoute-t-il.

Construire des entrepôts sûrs, créer des moyens de subsistance

Le mauvais stockage transformait l'abondance en danger. L'Initiative TANIPAC a introduit des silos en acier qui conservent les récoltes au sec et à l'abri des insectes. Le projet a formé 420 jeunes artisans à la construction des silos par le biais de l'Autorité de l'enseignement et de la formation professionnels (« Vocational Education and Training Authority », VETA) et de l'Organisation pour le développement des petites industries (« Small Industries Development Organization », SIDO), deux programmes de formation professionnelle reconnus à l'échelle nationale en Tanzanie.

« Ils nous ont formés en groupe à la fabrication de silos en acier, et j'ai ensuite créé mon entreprise », explique Hassan Juma, un artisan de Dodoma. Chaque artisan a reçu une formation technique et commerciale, ainsi que des outils essentiels pour l'atelier, notamment des postes à souder, des meuleuses, des perceuses et des scies. « Grâce à ces outils, j'ai pu ouvrir mon propre atelier », ajoute Ramadhani Mrisho, originaire de Zanzibar.

Le projet étend son influence bien au-delà de ses bénéficiaires initiaux.

Des stagiaires de TANIPAC mesurent et construisent des silos de stockage en acier à Dodoma, en Tanzanie.

« Nous avons appris à construire des installations en respectant les normes appropriées », souligne Dickson Philipo, un entrepreneur de Mtwara.

Renforcer les systèmes nationaux pour l'avenir

L'Initiative TANIPAC a également construit 14 entrepôts modernes, un laboratoire agricole central de référence, une unité nationale de contrôle biologique et un centre d'excellence post-récolte. Ces installations accélèrent la détection des contaminations et améliorent la sécurité alimentaire en Tanzanie. Le laboratoire de référence a déjà analysé plus de 5 600 échantillons, élargissant ainsi l'accès aux marchés d'exportation à forte valeur ajoutée.

Au sein de l'unité de contrôle biologique, des experts contrôlent la qualité d'Aflasafe afin de garantir des normes constantes. Cette solution de biocontrôle innovante est largement utilisée dans plusieurs pays africains pour lutter contre la contamination par les aflatoxines.

Des chercheurs de l'Unité de contrôle biologique analysent des échantillons d'arachides et de maïs afin de détecter une éventuelle contamination par l'aflatoxine.

« Notre pays dispose désormais d'un pôle unique où les acheteurs peuvent s'approvisionner en toute confiance en denrées alimentaires sûres et de haute qualité », explique Clepin Josephat, coordonnateur du projet TANIPAC.

Les transformateurs et les transporteurs en récoltent également les fruits. « Après la formation de TANIPAC, nous produisons une farine sûre et de haute qualité, et nous avons même remporté des prix nationaux », raconte Mata Salum Salami, originaire de Zanzibar.

Dans toute la Tanzanie, les agriculteurs font état d'une alimentation plus sûre, de familles en meilleure santé, de rendements plus élevés et d'économies locales plus fortes.

« TANIPAC montre que lorsque le savoir et l'innovation se conjuguent, nous ne nous contentons pas de lutter contre la contamination, nous construisons une Tanzanie plus saine et plus prospère », conclut Salum Ramadhani, chef de projet du Groupe de la Banque africaine de développement.

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