Afrique de l'Est: L'Érythrée annonce son départ du bloc régional Igad, deux après sa réintégration

L'Érythrée a annoncé vendredi 12 décembre son retrait de l'Igad, bloc regroupant des États d'Afrique de l'Est, dont le siège est à Djibouti. . Dans son communiqué, Asmara a estimé que l'organisation, formée par huit pays dont la Somalie, l'Éthiopie, le Soudan et l'Ouganda, « ne contribue pas de manière significative à la stabilité de la région ». La situation au Soudan et les dissensions avec l'Éthiopie pourraient expliquer cette rupture.

L'Érythrée avait déjà suspendu son adhésion à l'Igad en 2007, avant de réintégrer l'organisation en 2023. Mais aujourd'hui, les autorités érythréennes estiment que « l'Igad a manqué et continue de manquer à ses obligations statutaires, compromettant ainsi sa propre légitimité et son mandat légal ». De plus, l'organisation sous-régionale, officiellement appelée Autorité intergouvernementale pour le développement, n'offrirait « aucun avantage stratégique tangible » à ses membres et ne contribuerait « pas de manière significative à la stabilité de la région », selon Asmara.

Mais c'est surtout le jeu des alliances régionales qui explique cette décision, selon le chercheur Marc Lavergne, directeur de recherche émérite au CNRS : « Tous les pays membres de l'Igad sont en faveur des [paramilitaires des] Forces de soutien rapide au Soudan, contre l'armée soudanaise, qui elle est soutenue par l'Égypte. Et c'est l'Égypte qui est à la manoeuvre et qui essaie d'encercler et de démembrer l'Éthiopie, qui est son grand rival dans la région. »

Les deux grands rivaux s'affrontent notamment au sujet du grand barrage de la Renaissance. En se retirant de l'Igad, l'Érythrée - soutenue par l'Égypte - rompt une nouvelle fois avec tous les pays voisins, proches de l'Éthiopie. L'Igad, dont le siège se trouve à Djibouti, est dirigé par Workneh Gebeyehu, ancien ministre des Affaires étrangères d'Éthiopie, dont le pays entretient aujourd'hui des relations très tendues avec l'Érythrée.

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« C'est assez significatif, finalement, poursuit Marc Lavergne. Mais cela ne va pas empêcher l'Igad de fonctionner, puisqu'elle est habituée. L'Érythrée est un pays fermé qui n'a pas de relation ou de coopération avec les autres pays de la région. »

L'Érythrée est l'un des pays les plus fermés de la planète, dirigé d'une main de fer depuis son indépendance en 1993 par Isaias Afwerki, qui n'a pas organisé la moindre élection.

L'Igad a annoncé « regretter » la décision d'Asmara et l'encourage à la « reconsidérer ». Elle précise toutefois que l'Érythrée n'a participé à aucune activité de l'organisation depuis sa réintégration en 2023.

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