Inculpé sous l'Official Secrets Act dans l'enquête sur les écoutes téléphoniques révélées par les Moustass Leaks, Lilram Deal, suspendu, a comparu devant le tribunal de Port-Louis Sud ce vendredi 12 décembre. S'il a obtenu une remise en liberté sous conditions, l'ancien haut gradé demeure toutefois en détention, n'ayant pas été en mesure de satisfaire aux exigences financières imposées par la cour.
La magistrate Naazish Sakauloo a fixé la caution à deux versements distincts d'un million de roupies chacun, à régler par chèques, assortis d'une reconnaissance de dette de Rs 5 millions. Faute de paiement immédiat, Lilram Deal a été reconduit en cellule policière. Sa prochaine comparution est prévue pour le 15décembre, date à laquelle il pourra s'acquitter de ses cautions et recouvrer sa liberté conditionnelle.
Outre les garanties financières, la cour a assorti la libération de conditions strictes : Deal devra se présenter deux fois par semaine au poste de police le plus proche de son domicile et communiquer un numéro de téléphone auquel il devra rester joignable en permanence.
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Cette inculpation provisoire découle de son arrestation par le Central Criminal Investigation Department (CCID) le 9 décembre dernier, à l'issue d'un long interrogatoire. Les enquêteurs lui reprochent de ne pas avoir communiqué l'ensemble des codes d'accès d'un appareil d'écoute de marque Prestsol, essentiel pour exploiter les données enregistrées. S'il a fourni certains codes, il a affirmé ne plus se souvenir des autres, une explication qui n'a pas convaincu les enquêteurs, lesquels estiment qu'il détiendrait toujours ces codes d'accès.
À sa sortie de la cour, son avocat, Me Roshi Bhadain, a soutenu que l'Official Secrets Act comporte des zones d'ombre juridiques et a insisté sur le fait que son client coopère avec les autorités. Il a également annoncé son intention de déposer une motion afin de contester et faire abandonner l'accusation provisoire.
L'affaire s'inscrit dans le sillage des bandes sonores Missie Moustass, une série d'enregistrements téléphoniques qui avaient fuité à la veille des législatives de 2024, révélant des interceptions de conversations bien au-delà des cadres légalement autorisés.
Depuis, l'enquête tente de déterminer comment ces écoutes ont été effectuées, qui y avait accès et comment les bandes ont été diffusées.
Il s'agit de la deuxième arrestation de Lilram Deal en l'espace de six mois. En juin dernier, alors qu'il était à la tête de la Counter Terrorism Unit (CTU), il avait été interpellé par la FCC dans l'affaire dite Reward Money, après la découverte d'environ Rs 4,5 millions sur un compte bancaire conjoint avec son épouse. Cette somme était soupçonnée de provenir de paiements versés à des informateurs. Ironie du sort, il avait invoqué le désormais fameux Official Secrets Act comme bouclier.
Depuis le début de l'enquête sur les écoutes téléphoniques, plusieurs officiers ayant travaillé sous sa supervision ont également été interrogés, et d'autres arrestations ne sont pas exclues.