Air Mauritius a enregistré un bénéfice de 22,03 millions d'euros au premier semestre de l'exercice 2025- 26, selon des documents internes examinés par son conseil d'administration.
Un résultat positif qui intervient alors que le transport aérien mondial enchaîne les records, cinq ans après le choc du Covid-19, mais qui reste largement attribuable à des facteurs externes, selon des sources de l'express proches du conseil d'administration d'Air Mauritius.
La performance financière de la compagnie nationale mauricienne ne traduit pas une amélioration structurelle de ses opérations, insistent nos sources. Le principal facteur expliquant ce bénéfice est une réduction marquée des dépenses en carburant, estimée à près de 24 millions d'euros pour la période.
Cette économie est liée à l'évolution des prix internationaux du carburant et non à une amélioration des performances commerciales ou opérationnelles de la compagnie. «Le résultat positif est largement imputable à une baisse des coûts d'origine externe, plutôt qu'à une amélioration sous-jacente des performances opérationnelles», estiment plus d'un directeur, qui appellent à la prudence dans l'interprétation des résultats.
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Les indicateurs d'activité présentés au conseil font état d'un recul sur plusieurs fronts. Le nombre d'heures de vol a diminué par rapport à la même période de l'exercice précédent, tout comme le nombre de passagers transportés. Le taux de remplissage des avions est également en baisse. Dans le même temps, les revenus totaux ont reculé, affectés par une diminution des recettes passagers, du fret et des revenus annexes.
Sur le segment du cargo, la tendance est particulièrement marquée. Selon les documents examinés par le conseil, les revenus liés au fret aérien ont chuté d'environ 17 % sur la période. Ce recul intervient à contre-courant d'un environnement mondial pourtant favorable au cargo, porté par la reprise du commerce international, le développement de l'ecommerce et la recomposition des chaînes logistiques. Là où de nombreuses compagnies ont fait du fret un levier de résilience et de rentabilité depuis la crise sanitaire, Air Mauritius apparaît en retrait sur ce segment stratégique.
«Échelle réduite»
Selon un board paper, la compagnie opère à une «échelle réduite», avec une utilisation moindre de ses actifs, malgré un environnement international plus porteur pour le secteur aérien. Cette performance intervient en effet dans un contexte mondial nettement plus favorable. Selon l'Association internationale du transport aérien (IATA), qui représente environ 80 % du trafic aérien mondial, le secteur devrait franchir en 2025 le seuil symbolique de 5 milliards de passagers, avec 5,2 milliards de voyageurs attendus, un nouveau record.
Les compagnies aériennes mondiales devraient dégager près de 39,5 milliards de dollars de bénéfices nets en 2025, contre 36 milliards initialement prévus, et environ 41 milliards de dollars en 2026, selon les dernières projections de l'IATA. L'organisation évoque la «résilience» du secteur, portée notamment par une meilleure performance du fret aérien, malgré des vents contraires géopolitiques et commerciaux.
Dans ce contexte de reprise globale, les chiffres internes d'Air Mauritius soulignent un décalage entre la dynamique mondiale et la situation spécifique de la compagnie. «Sans l'allègement des coûts de carburant, le résultat financier aurait été sensiblement plus faible», note un directeur, pointant la nécessité de renforcer durablement la performance commerciale et la rentabilité du réseau.
Restructurée ces dernières années avec l'appui de l'État, Air Mauritius reste confrontée à des défis persistants liés à la montée en charge de son réseau, à la compétitivité de ses lignes et à l'optimisation de sa flotte. En interne, le bénéfice semestriel est ainsi perçu davantage comme un signal conjoncturel que comme un tournant stratégique.
Selon des sources proches du conseil, les discussions à venir devraient porter sur la relance commerciale, l'amélioration du taux de remplissage, le redressement des activités cargo et une utilisation plus efficiente des actifs, dans un environnement mondial pourtant favorable au transport aérien.