Voilà près d'un mois et demi que les proches de l'ex-syndicaliste Cheick Oumar Diallo n'ont plus aucune nouvelle de lui. Voix critique des autorités de transition, celui-ci avait été emmené en pleine rue par des hommes se présentant comme des gendarmes, le 25 octobre dernier. Depuis, aucune procédure judiciaire n'a été engagée contre lui. Son entourage, inquiet, affirme ne pas savoir où il se trouve. Selon les informations de RFI, Cheick Oumar Diallo est détenu au secret par la Sécurité d'État.
Ils ont formé un collectif pour demander sa libération « immédiate » ou « à défaut », « une communication officielle sur sa situation ». Dans un communiqué diffusé dimanche 14 décembre sur les réseaux sociaux, les proches de Cheick Oumar Diallo expriment leur « préoccupation » et leur « indignation » après la « disparition » de l'ancien représentant syndical et déplorent que, depuis un mois et demi, « toutes les démarches entreprises auprès des services de sécurité et des autorités n'ont pas permis d'obtenir une réponse claire ».
« Il a été blessé à la jambe lors de son interpellation », s'alarme un membre du collectif joint par RFI qui s'inquiète de savoir si Cheick Oumar Diallo a pu recevoir « les soins appropriés », « étant donné qu'il est perçu comme un opposant au régime militaire actuel ».
« Répression contre les voix dissidentes »
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Une source sécuritaire malienne confirme que c'est bien la Sécurité d'État qui détient toujours Cheick Oumar Diallo, sans préciser les raisons exactes de son enlèvement.
Cheick Oumar Diallo est un ancien membre du syndicat autonome de la Société malienne de gestion de l'eau potable (Somagep). Après avoir dénoncé la qualité de l'eau à l'été 2024, celui-ci avait déjà été brièvement arrêté puis libéré, avant d'être finalement renvoyé de la Somagep. Au début du mois de novembre, lorsqu'elle a révélé cet énième cas de disparition forcée au Mali, l'association de défense des droits humains Human Rights Watch a estimé que « la junte intensifi[ait] la répression contre les voix dissidentes ».
Le cas El Bachir Thiam
Parmi les précédents récents, on peut citer le cas d'El Bachir Thiam. Militant du parti Yelema - désormais dissous comme toutes les organisations politiques du Mali -, El Bachir Thiam a été libéré le 26 septembre dernier après avoir passé près de cinq mois dans les geôles secrètes de la Sécurité d'État, en dehors de toute procédure légale et sans qu'aucune procédure judiciaire ne soit jamais intentée à son encontre.
Dans un message publié sur les réseaux sociaux au début du mois de décembre, El Bachir Thiam a remercié ceux qui l'ont soutenu - sans qu'il puisse le savoir sur le moment - tout au long de sa « séquestration ». Une expérience marquée par l'« isolement », « les privations » et « l'incertitude » mais qui n'a en rien altéré son « engagement total pour la démocratie, l'État de droit et le bien-être du peuple malien », insiste celui-ci.