Kenya: Présidentielle - Le pays retient encore son souffle

À Garden City Estate, un quartier aisé de Nairobi, Sarah Muthoni, présidente du bureau de vote pour le volet cinq, compte chaque bulletin sous le contrôle des agents des partis politiques.
analyse

Une élection a lieu et les Kényans tremblent de nouveau.

Dans un pays habitué aux crises pré et postélectorales, les veilles, jours et lendemains de scrutins sont des moments de vives angoisses et les votes présidentiel, législatives, locales qui s'ouvrent aujourd'hui mardi 9 août 2022 n'échappent, hélas pas à cette sinistre règle.

Plus que le nom du successeur du président sortant, Uhuru Kenyatta, c'est plutôt le climat sociopolitique postélectoral que redoutent bien d'observateurs de la scène politique kényane.

Sans pour autant jouer aux cassandres, reconnaissons que même si la météo électorale n'annonce pas forcément une bourrasque sociopolitique force est de reconnaître qu'elle ne présage pas non plus des temps calmes à l'issue de la course vers la Kenya State House.

Sur les starting-blocks, quatre candidats, dont deux se disputeront véritablement le fauteuil présidentiel : Raila Odinga, 77 ans, le Poulidor politique qui, après quatre tentatives infructueuses, tient enfin une sacrée occasion de décrocher le pompon. A ses trousses, William Ruto, 55 ans, vice-président de Kenyatta, aujourd'hui en disgrâce.

En effet, en vertu d'un accord de réconciliation signé en mars 2018, le chef de l'Etat sortant a apporté son soutien à l'opposant historique, Raila Odinga, au détriment de son vice-président, William Ruto.

Ce retournement de situation, quoique cocasse, n'a pas manqué d'apporter son pesant de virulence dans une campagne électorale jugée certes globalement apaisée mais émaillée de petits meurtres entre adversaires.

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En attestent les torrents d'intox et d'infox, de vidéos trafiquées, de faux sondages et last but not least de considérations ethniques via les réseaux sociaux comme Facebook, Twitter et Tik-tok, obligés à un moment de faire le nettoyage.

Une atmosphère à couper au couteau qui fait remonter en souvenir la grave crise postélectorale de 2007-2008 qui a fait plus d'un millier de morts et des dizaines de milliers de déplacés. Une débauche de violence dont l'écho est parvenu à la Haye avec la poursuite par la CPI du président Kenyatta et de son vice-président pour " crime contre l'humanité ".

Que nous réserve à son tour la présidentielle d'aujourd'hui qui intervient, il faut le rappeler, cinq ans après l'annulation de celle d'août 2017 reprise en octobre pour fraudes ?

Bien malin qui saura répondre à cette question. Mais il est impératif que les Kényans travaillent à exorciser les vieux démons de la violence politique. Ce d'autant plus que le pays est déjà en proie à des attaques terroristes dont la plus mémorable reste à nos jours le massacre d'étudiants au campus de l'université de Garissa avec près de 150 tués.

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