Le président de la République du Sénégal, Abdoulaye Wade, a inauguré hier mardi 22 janvier 2008 la centrale électrique de Kounoune dans la communauté rurale de SANGALKAM, département de Rufisque.
D'une capacité de 67,5 mégawatts, la centrale va augmenter la capacité du parc de production d'électricité de 13,5% et permettra à SENELEC de fournir de l'électricité à plus de 200.000 foyers, éclairant plus d'un million de Sénégalais.
La centrale de Kounoune représente le premier projet d'infrastructure réalisé au Sénégal selon le concept du BOO (Build Own Operate, construire, posséder, exploiter) par des opérateurs privés (le Groupement Mitsubishi-Matelec).
Le coût global de la centrale est de 45 milliards de FCFA. Il a été financé conjointement par le guichet du secteur privé de la BAD, la SFI, PROPARCO, la BOAD, la Compagnie Bancaire de l'Afrique de l'Ouest (CBAO). L'IDA a octroyé une garantie partielle des risques (PRG) et la Banque marocaine pour le commerce Extérieur (BMCE) capital a assuré le rôle d'arrangeur de la tranche commerciale.
La nouvelle infrastructure permettra également de réduire de manière significative les délestages subis ces dernières années par les populations.
Après Kounoune, la SENELEC va mettre un programme d'investissements évalué à 520 milliards de francs Cfa sur la période 2007-2015. Ainsi dès novembre 2008, sera mise en service la centrale de Kahone 2 pour une puissance de 60MW.
Au cours de la cérémonie, le président Abdoulaye Wade a indiqué que la centrale de Kounoune constitue un bel exemple de réussite du concept de partenariat public-privé' et lancé un appel aux bailleurs de fonds privés pour les inviter à participer au développement du Sénégal qui réunit, selon lui, "toutes les conditions de sécurité, de stabilité et de garantie de l'investissement".
Pour M. Wade, la centrale de Kounoune est parmi les grands projets de ce partenariat et reste une étape dans la mise en Å"uvre d'un ambitieux programme d'investissements engagé pour mettre aux normes les infrastructures de base en général et celles électriques en particulier.
Le chef de l'Etat a tenu à préciser que le Sénégal, à l'image des autres pays non producteurs de pétrole, a fortement ressenti la forte crise pétrolière caractérisée par une hausse du prix du baril d'un niveau et d'une durée jamais égalés.
Cette situation a induit, selon lui, "des contraintes majeures, pénalisant l'atteinte des objectifs du Sénégal en matière de développement, du secteur de l'énergie en général".
Pour y faire face, le Chef de l'Etat dit avoir décidé d'une réorientation de la politique énergétique nationale et en même temps donné des directives pour la mise en Å"uvre de mesures appropriées pour atténuer les effets de la crise sur les populations.
Ainsi, pour le chef de l'Etat, il y a la diversification des sources de production par l'introduction du charbon comme combustible, la promotion des énergies nouvelles et renouvelables avec un accent particulier sur les biocarburants, le solaire, l'éolien et l'hydraulique.
L'accélération de l'électrification en zone rurale avec un objectif de 50% à l'horizon 2012, l'intensification de la prospection de ressources pétrolières et l'exploitation immédiate des ressources fossiles existantes, le maintien et le renforcement des installations de raffinage et des capacités de stockage et le développement d'une politique d'incitation à l'économie d'énergie, font partie aussi des objectifs qu'il s'est assignés avant la fin de son mandat.
Pour le chef de l'Etat du Sénégal, il est impératif de mener une campagne d'économie d'énergie à l'image d'autres pays développés à des moments de crise énergétique.
Pour ce qui concerne les mesures d'atténuation de l'impact de la crise pétrolière, la politique de subvention du prix du gaz butane et de l'électricité a conduit le gouvernement à verser pour le compte des consommateurs plus de 200 milliards de francs CFA en cinq ans à la SAR et à SENELEC.
Il s'agit aujourd'hui, a soutenu M. Wade, de mettre en place les mécanismes nécessaires pour que l'économie sénégalaise soit moins vulnérable face au choc pétrolier.
Il convient de signaler que la capacité de production de l'électricité au Sénégal a augmenté de 160 mégawatts en sept ans correspondant à un investissement de 80 milliards FCFA qui a permis d'acheter des unités neuves de production d'électricité plus économes en consommation de carburants.
La cérémonie a eu lieu en présence du Premier Ministre, de plusieurs membres du gouvernement, des notables locaux, des représentants des populations venues des 33 villages de la communauté rurale, du président de la Banque islamique de développement et des représentants des institutions internationales de financement. La BAD a été représentée à la cérémonie par M. Mohamed H'Midouche, représentant résident régional de la BAD au Sénégal.