Renforcer la prise de conscience sur l'importance stratégique de l'eau pour le développement du continent africain

1 Février 2008
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African Development Bank (Abidjan)
communiqué de presse

Quelques faits saillants sur l'eau en Afrique :

  • Environ 300 millions d'Africains n'ont pas accès à un approvisionnement en eau adéquat et 313 millions aux services d'assainissement acceptables.
  • 5400 milliards de m3 d'eau disponible et seulement 4% développé pour l'irrigation, l'alimentation et l'hydroélectricité.
  • Le potentiel hydroélectrique exploitable en Afrique est estimé à environ 1,4 million de gigawattheures/an, suffisant pour alimenter en électricité tout le continent ; seulement 3 % de ce potentiel hydroélectrique est exploité.
  • L'Afrique compte 60 bassins d'eau de surface et 38 nappes aquifères partagées entre deux ou plusieurs pays.
  • En coopération avec le Conseil des ministres africains de l'eau (AMCOW), la Banque africaine de développement (BAD) organise la Première semaine africaine de l'eau, qui se tiendra du 26 au 28 mars à Tunis (hôtel Sheraton).
Pour en savoir plus sur cette première, nous avons interrogé le Directeur du Département Eau et assainissement à la BAD et directeur de la Facilité africaine de l'eau, M. Kordjé Bedoumra.

Question : La Banque qui Bouge (BQB) : Pourquoi l'AMCOW et la BAD ont-ils convenu de l'organisation d'une telle conférence ?

Réponse : Il s'agit de la première conférence à vocation permanente à se tenir sur la problématique de l'eau et dédiée spécifiquement au continent africain. Il existe certes plusieurs autres forums sur l'eau, mais ceux-ci n'ont pas pour vocation de traiter uniquement des enjeux spécifiques de l'Afrique. Or, les enjeux liés à l'eau sur le continent sont particuliers, notamment en raison de l'importance cruciale de développer, de manière équitable et durable, les ressources en eau pour réduire la pauvreté, assurer le développement économique et favoriser l'intégration régionale. En plus, la présente semaine est initiée et organisée par les Africains eux-mêmes, à travers le Conseil des Ministres Africains en charge de l'eau (AMCOW). Pour cette première semaine, AMCOW a sollicité la BAD, en s'appuyant sur le succès de la semaine de l'eau à la BAD organisée en juillet 2004 à Tunis, et le rôle stratégique de la Banque dans le secteur de l'eau en Afrique.

Cet événement s'inscrit bien dans le cadre de la Vision africaine de l'eau, adoptée par les Ministres africains en charge de l'eau en en l'an 2000, qui aborde les enjeux de la fourniture durable de l'eau pour faire face aux exigences de la sécurité alimentaire et énergétique, un meilleur accès à l'eau potable et à un assainissement approprié. Enfin, la conférence est d'actualité en raison des défis émergeants liés aux changements climatiques, qui exercent déjà des impacts considérables sur les ressources en eau sur le continent africain.

Question : Comment cette conférence va-t-elle se distinguer des nombreux autres forums qui, existent autour de la problématique de l'eau ?

Réponse : Trois facteurs doivent être pris en compte. Premièrement, le sujet lui-même n'est pas suffisamment examiné au niveau du continent malgré son importance capitale. Il y a nécessité de renforcer la prise de conscience sur les enjeux liés à la sécurité de l'eau en Afrique. Des efforts doivent en effet être engagés pour mettre à niveau tous les intervenants actifs dans ce secteur et également auprès des décideurs nationaux, régionaux et internationaux pour obtenir un engagement pour la sécurité de l'eau, à savoir : une quantité et une qualité d'eau adéquate et durable, disponible pour la consommation humaine et la santé ; la production agricole ; l'énergie hydroélectrique ; les activités industrielles ; ainsi que pour la protection des écosystèmes et de l'environnement. Ceci doit être couplé avec la nécessité de protéger les êtres humains, leurs biens et la nature, des désastres naturels telles que les inondations et la sécheresse. Deuxièmement, les investissements requis pour construire les infrastructures nécessaires sont très importants. Il faut une approche stratégique et claire, faisant le plus large consensus possible autour de tous les acteurs concernés. Je rappelle que seulement 4 % du potentiel hydrique est développé en Afrique, contre 70 à 90 % dans les pays dits développés. Enfin, une des vocations de la BAD est d'agir comme pôle intellectuel sur les enjeux du développement en Afrique, dont entre autre la question fondamentale de l'eau.

Question : Pourquoi le thème de cette conférence : « Accélérer la sécurité de l'eau pour le développement socio-économique en Afrique » ?

Réponse : Le développement des infrastructures pour conserver l'eau constitue le préalable pour le développement de l'agriculture et la sécurité alimentaire, ainsi que l'élevage. Nous connaissons les désastres économiques et sociaux après les inondations. A titre d'exemple, pensons à un barrage pouvant protéger des populations riveraines des effets des inondations, des pluies abondantes ou subites ou encore qui permet de disposer d'eau dans des périodes de sécheresse. Ne parlons pas de l'eau potable et des services d'assainissement, au profit toutes les populations des villes et des campagnes, dont nous sommes tous conscients des bienfaits. Par ailleurs, on connaît le très faible niveau d'accès à l'électricité, malgré l'énorme potentiel hydraulique du continent. L'Afrique est également le continent où il y a le plus d'eaux partagées au niveau des lacs, des fleuves et des nappes phréatiques. Protéger la ressource commune et la développer dans le cadre d'une vision partagée et d'intérêts réciproques nécessitent une approche commune des gestions des eaux transfrontalières.

Question : Comment jugerez-vous du succès ou non de cette conférence ?

Réponse : Le succès pourra être mesuré par une prise de conscience plus aigue de l'importance que doivent accordée les Etats et les partenaires au développement à investir davantage sur la sécurité de l'eau sur le continent, notamment les infrastructures. Nous souhaitons aussi que cet événement renforce la convergence des stratégies et actions menées dans le secteur, les partenariats autour des principales initiatives en matière d'eau, ceci pour que l'Afrique puisse faire un pas supplémentaire dans le développement harmonieux de ses ressources en eau, notamment dans un contexte de changement climatique.

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