« L'Afrique ne peut espérer réaliser son développement et peser sur les échanges économiques mondiaux que par l'intégration régionale voire l'unification totale du continent » , soulignait récemment à Tunis James Wolfensohn, ancien président de la Banque mondiale, dans le cadre du cycle des éminents conférenciers de la Banque africaine de développement (BAD).
Après avoir parcouru, pendant son mandat à la tête de la Banque mondiale, 44 des 53 pays du continent, M. Wolfenshon estime que la gouvernance actuelle de l'Afrique est « trop lourde ».
« Alors qu'elle accueille actuellement le cinquième de la population du monde, l'Afrique pèse entre 2 et 2,5% du PIB mondial. La population de l'Afrique devrait même doubler dans les 40 prochaines années », a prévenu l'ancien président de la BM, estimant qu'il faut agir vite pour que « cette croissance démographique s'appuie sur des perspectives de développement ».
Engagement ferme et total aux côtés des PMR
Prenant très tôt la mesure des enjeux qui s'y rattachent, la BAD a fait depuis de nombreuses années de l'intégration le pilier essentiel de son action en faveur de ses pays membres régionaux (PMR). Ainsi, la banque apporte un appui décisif au processus d'intégration régionale à travers les communautés économiques telles que la CEDEAO, la SADC, la CEMAC, la CEAC.
A de nombreuses reprises, le président de la BAD, Donald Kaberuka, s'est personnellement déplacé pour témoigner du soutien de la banque au processus d'intégration. Il a ainsi annoncé, fin juin, au Sommet de la CEMAC à Yaoundé, le prochain déblocage par la BAD, d'un milliard de dollars pour la reconstruction des infrastructures et l'amélioration de la gouvernance dans l'espace CEMAC. Quelque 150 millions de dollars supplémentaires devraient par ailleurs, a-t-il dit, être mobilisés pour assurer la relance de l'agriculture et l'acquisition des intrants agricoles et des semences à haut rendement dans les pays membres de cette communauté régionale. La BAD avait, quelques mois auparavant, annoncé la mobilisation de 1,8 milliard de dollars au profit des Etats membres de la SADC dont 500 millions entièrement consacrés au volet construction d'infrastructures régionales. Profitant de sa présence au Sommet de la SADC à Port-Louis, le président Kaberuka a réitéré aux chefs d'Etat, le ferme engagement de la BAD à aider leurs pays à valoriser leurs potentialités économiques. Il a également souligné les initiatives que compte prendre la banque en faveur des pays africains à revenu intermédiaire y compris ceux de la SADC comme l'Afrique du Sud, le Botswana, la Namibie, le Swaziland, Maurice et les Seychelles.
L'intégration régionale au service de la lutte contre la pauvreté
Pour la BAD, la pauvreté ne peut être éliminée que si les économies des pays africains peuvent croître de manière durable sur plusieurs années, à travers des stratégies d'intégration régionale portée par une forte volonté politique.
« Pour maintenir une telle voie, il est important de réduire les coûts et les risques économiques et politiques liés aux affaires, tout en élargissant la dimension et la diversité de nos marchés », disait le président Kaberuka au Sommet de la SADC, à Port-Louis.
« L'Afrique affiche une bonne croissance. Mais nous avons encore besoin d'un taux plus élevé sur plusieurs années, car l'Afrique revient de loin. La meilleure voie pour y arriver, c'est de poursuivre et accélérer l'intégration régionale », disait-il lors d'un entretien accordé à la presse.
Afin de mieux coordonner ses interventions en faveur des communautés économiques régionales, la banque a créé un Département NEPAD, Intégration régionale et Commerce. Cette initiative vient compléter le rôle de chef de file du volet « Infrastructures » du NEPAD qui lui avait été confié par les Chefs d'Etat africains membres du Comité de pilotage du NEPAD.
Assumant son rôle de première institution africaine de financement de développement en Afrique, la BAD entend prendre une part décisive dans le processus d'intégration régionale sur le continent. La BAD y attache la plus grande importance.