Interview avec Mme Kodeidja Diallo, directrice du département de la gestion des risques du Groupe de la BAD

10 Mai 2009
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African Development Bank (Abidjan)
communiqué de presse

La BAD a pris plusieurs initiatives pour faire face à la crise financière

«La Banque dispose présentement d'un capital-risque non-utilisé significatif de 50%, qui lui permettra de soutenir, jusqu'en 2013, ses activités ainsi que les prêts définis dans le cadre de la stratégie à moyen terme (SMT). Cependant, pour accroître ses prêts au-delà des niveaux de la SMT, notamment en réponse à la crise financière et pour continuer à soutenir des transferts de revenus nets aux initiatives de développement, la Banque aura besoin de fonds propres supplémentaires en 2011», a souligné Mme Kodeidja Diallo.

 Votre département a accueilli le 30 avril 2009, à Tunis, un atelier auquel ont participé des directeurs de départements des risques de la Société financière internationale (SFI) et de la Banque européenne d'investissement (BEI). Quels ont été les principaux thèmes abordés ?

L'objectif primordial de la réunion avec la SFI et la BEI était d'échanger sur les efforts de collaboration concernant les paramètres de gestion des risques, en particulier la probabilité de défaut et la perte en cas de défaut dans le cadre opérations de prêt de l'institution. Il est important que ces paramètres, employés pour la détermination de l'adéquation du capital de toutes les banques, la politique de tarification des prêts et la politique de provisionnement basés sur le profil de risque de ses actifs, demeurent fiables.

Notre institution, disposant d'un historique conséquent en termes des prêts souverains, a cependant une expérience limitée des opérations non-souveraines et donc l'historique de défaut et de recouvrement des prêts du portefeuille est aussi limité. D'autre part, la SFI et la BEI disposent de portefeuilles de prêts conséquents dont une grande partie concerne les emprunteurs du secteur privé en Afrique. En travaillant ensemble, les institutions peuvent augmenter de façon considérable les données globales du consortium, et par voie de conséquence, les rendre plus fiables en termes d'industrie, de secteur, d'instruments, de produits et d'emprunteurs. La coordination du consortium créée récemment, ainsi que les marchés émergents globaux (GEMs) des BMDs membres, contribuera également à améliorer les pratiques de gestion des risques, et à créer des synergies pour une approche technique et un travail commun en ce qui concerne les paramètres de risque, dans un avenir proche. En outre, la Banque tirera profit de leur large couverture pays pour des opérations non-souveraines sur le continent africain. Le consortium pour sa part, bénéficiera de la base de données complète des opérations souveraines de la Banque.

La réunion a également permis d'échanger sur d'autres questions de gestion des risques, tels que le cadre d'adéquation des fonds propres, les limites prudentielles d'exposition et la gestion actif-passif. L'objectif final était de s'aligner sur les meilleures pratiques et sur l'expérience acquise jusqu'ici en termes de gestion de la crise financière.

La réunion avec la Société financière internationale (SFI) et la Banque européenne d'investissement (BEI) suscitait de grandes attentes, eu égard à la crise financière globale qui est l'une des préoccupations majeures de l'heure. Dans quelle mesure cette collaboration avec la SFI et la BEI contribue-t-elle aux efforts de la Banque à surmonter la crise financière au niveau continental ?

Notre collaboration avec ces deux institutions va bien au-delà du contenu relativement étroit de cette réunion qui a traité principalement de quelques questions de gestion des risques. En effet, assez souvent, la Banque cofinance de grands projets du secteur privé en Afrique avec ces institutions. Un avantage important de cette collaboration est que ces établissements disposent d'opérations de prêts globales ; notre institution peut tirer profit de leurs expériences acquises dans d'autres régions du monde. Le département de gestion des risques maintient un échange continu sur le processus d'amélioration de la gestion des risques en réponse à la crise et aux difficultés spécifiques liées aux instruments de décaissement, ainsi qu'aux priorités, aux secteurs sensibles et aux instruments de prêt appropriés. Un autre aspect important, où une initiative a déjà été prise, à travers une consultation commune avec les institutions financières internationales (IFI) fonctionnant en Afrique, concerne la politique de tarification des prêts ainsi que la couverture des expositions en devise locale.

 La Banque a pris des initiatives pour répondre à la crise financière internationale. Parmi les plus importantes figurent le TFI et l'ELF conçus pour accélérer l'appui aux pays membres pour le développement africain. Quelles initiatives le département de gestion des risques (FFMA) a-t-il mis en place dans l'effort global de la Banque pour aider ses pays membres régionaux à faire face à la crise ?

Le rôle du département de gestion des risques est de s'assurer que les risques pris par la Banque sont dans des paramètres et limites appropriés et aussi de s'assurer que l'institution dispose suffisamment de capitaux et de capacités à supporter les risques avant de pouvoir s'engager. La Banque dispose présentement d'un capital-risque non-utilisé significatif de 50%, qui lui permettra de soutenir, jusqu'en 2013, ses activités ainsi que les prêts définis dans le cadre de la stratégie à moyen terme (SMT). Cependant, afin d'accroitre ses prêts au-delà des niveaux de la SMT, en particulier en réponse à la crise financière et pour continuer à soutenir des transferts de revenus nets aux initiatives de développement, la Banque aura besoin de fonds propres supplémentaires en 2011. Le Conseil des gouverneurs devrait considérer une recommandation allant dans ce sens au cours des assemblées annuelles de Dakar, pour nous permettre d'entamer des consultations avec les actionnaires en vue d'une augmentation possible de capital. Cela est également en conformité avec les recommandations du G20 qui a récemment réclamé une évaluation de la capitalisation de chaque BMD, ainsi que la mise à disposition de fonds propres conséquents, si nécessaire, en vue de l'augmentation des prêts en appui aux pays membres pendant la crise financière.

En mars dernier, le Conseil a approuvé un nouveau cadre d'adéquation des fonds propres qui sera l'instrument qui aidera la Banque à faire face à l'augmentation des risques et du niveau des prêts sous les deux initiatives que vous avez mentionnées plus haut.

Le département de gestion des risques est en train de développer un programme de renforcement des capacités ainsi qu'un réseau des unités de gestion des risques des institutions financières de développement et des banques centrales en Afrique.

 Dans quelle mesure le thème des assemblées annuelles de cette année : « La réponse de la Banque à la crise financière » est un reflet des efforts de la Banque pour relever les défis du développement du continent ?

L'objectif de la Banque est d'aider le continent dans ses besoins de développement économique et social, même, en période de non-crise. Cependant, le thème des assises de Dakar, cette année, est opportun et approprié étant donné qu'il est prévu que le continent soit sensiblement affecté par le ralentissement économique global, avec des risques de perturbation des acquis en matière de développement, en raison de la crise.

Contact

Aristide Ahouassou

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