Comment l'Afrique doit réagir pour faire face à la crise financière ? Cette question est à examiner à deux niveaux pour Léonce Ndikumana. « Il faut d'abord minimiser les effets sur le secteur privé et sur les ménages », dit-il, en expliquant que les Etats doivent tout faire pour maintenir des niveaux d'investissements adéquats dans les secteurs publics. Et notamment, pro-pauvres, comme les soutiennent les trois partenaires (BAD, CEA et OCDE). Quant aux partenaires au développement, ils sont appelés à honorer leurs engagements en maintenant les financements promis. « Les pays africains sont confrontés à des déficits croissants, alors que les dépenses augmentent », dit M. Ndikumana.
Le directeur da la recherche sur le développement estime qu'il faut, au plan bilatéral et multilatéral, que les partenaires, y compris le FMI et la Banque mondiale, comprennent que les aides promises doivent être maintenues, et mieux, qu'il faut augmenter le volume de l'aide publique au développement. Parce que selon lui, pour bien positionner l'Afrique après la crise, il faut « consolider les bases de la croissance, en maintenant les investissements dans les projets d'infrastructures, afin de faciliter le commerce et les investissements privés ». Il s'y ajoute la nécessité d'accroître la mobilisation des ressources domestiques.
Un autre facteur concerne le renforcement de l'intégration régionale « aussi bien au niveau du commerce qu'au niveau du marché financier », ajoute M. Ndikumana. Estimant non viable l'existence de 53 marchés des capitaux dans 53 pays, Léonce Ndikumana trouve trop faible le volume des échanges intra-africains qui ne représente que 9 % du commerce de l'Afrique. Globalement donc, soulignant son optimisme quant à la réponse africaine face à la crise, il insiste sur la consolidation du commerce intra-africain et des infrastructures du marché financier, en reconnaissant que les dirigeants en ont pris conscience puisqu'il existe aujourd'hui des stratégies claires de consolidation des systèmes bancaires.