Dakar, Sénégal — Organisé sur le thème : « L'Afrique et la crise financière : un plan d'action », l'événement de deux jours a été officiellement ouvert par le président sénégalais Abdoulaye Wade, en présence du président burkinabé Blaise Compaore, du vice-président du Ghana John Dramani Mahama, du président de la Commission de l'Union africaine Jean Ping, du président de la Banque africaine de développement Donald Kaberuka et du secrétaire-exécutif de la Commission des Nations Unies pour l'Afrique (UNECA), Adboulie Janneh.
Le président Kaberuka a prononcé un discours dans lequel il a passé en revue l'évolution de la situation économique en Afrique des 40 dernières années, caractérisée par des cycles courts de période de croissance, suivie de longues années de stagnation, en bonne partie le résultat de facteurs internes dues à une mauvaise gouvernance économique et de chocs externes.
Contrairement aux autres périodes difficiles que le continent a connues, les causes de la crise financière actuelle ont été externes, aux impacts dévastateurs sur les économies africaines, qui ont entraîné des pertes d'emplois, la fermeture d'entreprises, d'usines, de mines, entre autres.
« Les aspirations d'un continent qui a travaillé fort ces dernières décennies, notamment sur les réformes économiques pour faire amener la croissance du revenu national brut d'un registre négatif à une croissance de plus de 7 %, se sont vues balayées, en seulement six mois. Ce qui a pris une décennie à construire est remis en cause en peu de temps. Selon toutes probabilités, quand l'économie reprendra, la reprise sera plus faible », a dit le président de la BAD.
Malgré cette situation, il y a lieu d'être optimiste relativement aux perspectives à long terme de l'Afrique, si les efforts requis sont déployés pour limiter les dégâts et préparer la reprise de la croissance ; tous les pays sont affectés mais tout le monde s'est mis ensemble pour trouver des solutions. L'Afrique, dès lors, veut faire partie de cette réponse coordonnée à une crise dont elle n'est pas responsable, mais dont elle sait qu'elle a un rôle crucial à jouer pour y faire face.
Le président Kaberuka a rappelé les efforts entrepris par l'institution pour permettre aux pays membres d'affronter la crise dès son déclenchement, mettant en place un comité de surveillance pour suivre son évolution, organisant à Tunis une conférence ministérielle pour examiner les différents enjeux de la crise et instaurant un « comité des dix » qui a fourni des intrants aux décisions prises lors du récent Sommet du G20 à Londres.
Il a mentionné l'initiative prise par la BAD et six autres institutions financières internationales de mettre à disposition un budget de 15 milliards pour promouvoir le commerce et renforcer le secteur financier africain comme exemple probant du type d'initiatives qui doivent être prises pour aider le continent à affronter la crise financière. La Banque a aussi accru ses opérations dans le domaine des infrastructures, le secteur privé, les Etats fragiles, les pays à faible et à revenus moyens, en lien avec sa Stratégie à moyen terme 2008-2012.
Il a salué la décision du G20, qui a confirmé le besoin réévaluer les exigences de financement de la Banque africaine de développement et des autres banques multilatérales, ceci pour leur permettre de mieux jouer leur rôle dans le contexte actuel. Il s'est aussi félicité de la pertinence de revoir les options en vue de la reconstitution des ressources du Fonds africain de développement.
Rappelant que l'Afrique a de beaux jours devant elle, M. Kaberuka a insisté : « Notre tâche est d'aider à ce que cela advienne, en protégeant nos acquis, en limitant les dommages de la crise et en faisant l'équilibre entre la réponse à apporter à court terme et les objectifs à long terme de transformation économique. C'est ce que la Banque africaine de développement entend poursuivre, avec votre soutien », a-t-il mentionné.
Pour sa part, le président du Sénégal Abdoulaye Wade, hôte de l'événement, a dit que l'Afrique peut solutionner ses problèmes à long terme en intégrant ses économies pour leur donner plus d'autonomie et visant un développement plus durable.
« L'Afrique ne doit pas abandonner. Sa jeunesse ne doit pas baisser la garde, mais doit continuer à travailler et regarder l'avenir avec confiance et espoir », a-t-il dit.
Le président du Sénégal a aussi félicité le président de la BAD pour « l'énergie et le dynamisme insufflés aux activités de la Banque ».
Dan son intervention, le président de la Commission de l'Union africaine, Jean Ping, a dit que l'Afrique affronte présentement des défis historiques. Il a rappelé les efforts déployés par son organisation en coopération avec la BAD et l'UNECA pour affronter les défis posés par la crise financière, et a demandé aux partenaires de l'Afrique de respecter les engagements pris envers le développement de l'Afrique.
Près de 2 000 délégués, incluant des gouverneurs (ministres des finances/économie), représentant 78 pays membres du Groupe de la BAD, ainsi que des chefs d'agences multilatérales de développement, de représentants de la société civile, d'ONG et de représentants du monde des affaires participent aux assemblées, la plus importante rencontre annuelle du milieu financier en Afrique.