Dans cet entretien, M. Soumaïla Cissé, président de la commission de l'Union monétaire ouest africaine (UEMOA), salue la réaction de la BAD face à la crise, et l'exhorte entre autres, à poursuivre le financement des infrastructures dans le cadre du secteur privé, et des secteurs sociaux. Pour M. Cissé, «l'intégration du continent est l'une des voies de sortie rapide de la crise ».
Vous participez aux Assemblées annuelles du Groupe de la BAD, ce, dans un contexte marqué par la crise financière planétaire. Celle-ci a été précédée de deux autres crises : économique et financière. Quelles actions la BAD et l'UEMOA peuvent-elles apporter en guise de réponse rapide à la crise ?
Comme vous l'avez souligné, la situation est difficile. Cette crise financière a été précédée d'une autre alimentaire et voire d'une crise énergétique dans certaines zones. Mais le Groupe de la BAD a eu la bonne réaction. Sa première bonne réaction a été de réunir les ministres pour essayer d'étudier, de voir quelles sont les positions des uns et des autres, et de rechercher les solutions. Auparavant, le Groupe de la BAD avait mis en place un panel de haut niveau, qui lui a fait des recommandations visant à rendre son action plus efficace. J'ai eu la chance de faire partie de ce panel qui a aidé à réorienter les interventions de la BAD sur les infrastructures en particulier et surtout sur l'intégration.
Je pense que la première chose est de faire en sorte qu'en Afrique, l'intégration soit plus renforcée. La deuxième chose est d'appuyer la poursuite les réformes en cours. Il ne faut pas qu'on baisse les bras, il faut renforcer la gouvernance et la rigueur. Ainsi, dès que la crise passera, nous devrons être prêts à rebondir. La troisième chose, est de continuer à développer les projets d'infrastructures, asseoir les bases fondamentales de l'économie, en matière d'énergie et de télécommunications, construire des routes et assurer l'approvisionnement en eau. Enfin, l'aspect financier à court terme. Il faut à court terme absolument mettre de l'argent frais dans le système pour financer le commerce. Beaucoup d'Etats ont des difficultés liées à la dette extérieure qui ne leur permet pas de financer le secteur privé. Cela peut se régler au niveau des banques en termes de baisse de niveau de liquidité. L'influence de la crise sur les populations est évidente de plus en plus. Il faut qu'on poursuive le financement des secteurs sociaux, notamment l'éducation, eau potable et la santé. Je crois que la BAD a des réponses à tous ces problèmes. Je souhaite surtout qu'elle continue d'assurer ce leadership, qui attirera les autres organisations de financement du développement. Et c'est ce qui permettra à l'Afrique de continuer à avoir la tête haute.
L'intégration doit logiquement se traduire par le mouvement des hommes et des femmes. Quelle est la situation prévalant en Afrique en général et dans la zone CEDEAO, en particulier ?
On ne peut pas régler tous les problèmes en une fois. Lorsqu' on voit déjà les projets qui sont réalisés en Afrique de l'Ouest, c'est formidable. Avec une seule carte d'identité, les citoyens peuvent se déplacer dans toute la région de la CEDEAO. C'est une très bonne chose et il faut qu'on arrive à faire la même chose dans les autres zones de l'Afrique.
C'est un combat qu'il ne faut pas abandonner. Tous les citoyens doivent mener ce combat. C'est un combat à ne pas confier aux seules organisations. Il est évident que si nous ne résolvons pas ce problème, nous ne serons pas crédibles à terme. Au-delà du combat économique, l'interpellation est très forte. Le développement pour l'homme commence par sa liberté et ses mouvements. C'est un combat que nous menons au quotidien. C'est un combat sur lequel il y a des avancées, mais il faut continuer.
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Aristide Ahouassou