Une mission de l'Unité des Etats fragiles de la Banque conduite par M. Gabriel Bayémi, spécialiste en développement humain, a séjourné en janvier dernier 2010 à N'Djaména au Tchad dans le cadre de la supervision d'une Etude sur la Transhumance dans le secteur de l'élevage financée par la Facilité en faveur des Etats fragiles.
D'un montant de 156,745.46 UC l'objectif de l'étude est de :
Contribuer à une meilleure connaissance des différents axes de transhumance et de zones de concentration des éleveurs,
Localiser les tronçons de pistes de transhumance et les aires de stationnement conflictuelles,
Actualiser les couloirs de transhumance et les visualiser sur carte et
Apporter des informations dans le cadre de l'élaboration du projet d'amélioration de la gestion des ressources pastorales en cours de formulation.
Les conclusions de l'étude permettront d'entreprendre des actions d'aménagement pour sécuriser la mobilité pastorale et réduire les conflits entre les éleveurs et les agriculteurs. Selon ministre de l'Elevage et des Ressources animales, Moctar Moussa Mahamat, les résultats de l'étude serviront aussi à la révision de la loi sur la transhumance et à fournir des informations de base nécessaires à la préparation des projets de développement dans le domaine agro-pastoral. « Mon département ministériel et le gouvernement tchadien apprécient l'appui de la Facilité au secteur de l'élevage qui contribue pour 18 % au PIB », a ajouté le ministre.
La coordination de l'étude, dirigée M. Saleh Ousman Mahat, directeur de l'Organisation Pastorale et de la Sécurisation des Systèmes Pastoraux, entend prendre les mesures appropriées afin que l'étude donne des résultats probants. «Nous adopterons une approche participative afin d'inclure tous les acteurs du secteur : des agriculteurs aux éleveurs, en passant par les autorités administratives et les chefs de villages».
Le cheptel tchadien, estimé à 7 millions de bovins, 8 millions de caprins et 2 millions de camelins contribue pour 18% au PIB. Pour Mme Margaret Kilo, Chef de l'Unité des Etats Fragiles «l'Etude de la Transhumance est importante, car elle porte sur un secteur capital de l'économie. L'élevage procure directement ou indirectement des revenus à 40% de la population, contribuant donc de manière significative à la réduction de la pauvreté. En outre, il constitue 51% des produits d'exportation, devant le coton, avec 150 milliards CFA, soit 300 millions de dollars.
Le secteur emploie 3 millions de Tchadiens. Les activités de l'abattoir de Farcha situé le long du fleuve Chari à 10 km à l'ouest de N'Djaména en donne une illustration. Sur un vaste espace attenant à l'abattoir, des centaines de boeufs et chameaux participent au tri devant les mener à l'abattoir. Le tri est mené par une équipe multidisciplinaire composé de force sécurité, de vétérinaires et de responsables du ministère de tutelle. Seuls les animaux jugés aptes seront abattus.
Au sein de l'abattoir une centaine de personnes travaillent à la chaine. Ils produisent environ 250 tonnes de viande par jour provenant de 250 à 300 animaux. On les trouve de l'abattage à la mise en chambre froide, en passant par le déshabillage, l'inspection sanitaire, le lavage et le pesage. Et autour de l'abattoir gravitent des centaines de commerçants, des grossistes et des détaillants venus s'approvisionner pour alimenter la population de N'Djaména et de ses alentours.
Mettant les choses en perspective, Mr. Ousman Mahamat, le coordonateur du projet dit que l'Etude sur la transhumance « donnera une meilleure cartographie nationale de l'élevage, avec une vision claire des champs, des points d'eau et des pâturages. Elle sera un grand outil de planification pour le gouvernement.»
Quant au ministre de l'Elevage et des Ressources animales, il a de grandes ambitions pour le secteur : « Après le pétrole, l'élevage est le premier poste de recettes. Mais vu que le pétrole est tarissable, il est important d'investir dans l'élevage.
La viande tchadienne étant bio, la demande ira croissante et il nous faut faire face à la demande. Au niveau de la Communauté Economique et Monétaire de l'Afrique Centrale (CEMAC), nous avons un marché de 50 milliards CFA par an.
Vu ces potentialités, nous projetons de construire des abattoirs de standing et un centre de contrôle de la qualité. Il nous faut également améliorer les sous-produits et réduire l'exportation sur pied, c'est à dire celle des animaux vivants. Car celle-ci n'est pas compétitive. Nous avons beaucoup d'ambitions, mais peu de moyens et comptons sur les partenaires dont la BAD.»
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Bakary Sanogo