La première journée de la semaine des Assemblées annuelles de la Banque africaine de développement (BAD) met en vedette une exposition du Fonds des forêts du bassin du Congo.
Clotilde Louisette Mollo Ngomba, directrice-générale du Fonds, explique les objectifs du fonds et les retombées attendues de ses actions.
Quels sont les objectifs du Fonds forestier du Bassin Congo?
Le Fonds des forêts du Bassin du Congo (FFBC) est un fonds d'appui au développement créé en juin 2008, avec comme double objectif la réduction de la pauvreté et la lutte contre les changements climatiques à travers la diminution, l'atténuation et, si possible, l'inversion pure et simple des taux de déforestation dans le bassin du Congo.
Les propositions considérées pour financement se doivent d'être en conformité avec le Plan de convergence de la Commission des Forêts d'Afrique centrale (COMIFAC). Les domaines d'intervention pour financement par don du FFBC sont essentiellement ceux qui concernent le ralentissement du taux de déforestation, la réduction de la pauvreté des populations des zones forestières et qui contribuent à la réduction des émissions des gaz à effet de serre tout en maximisant le stockage de carbone.
Question: Quels sont les principaux actionnaires du Fonds ?
Co-présidé par le professeur Wangari Maathai, Prix Nobel de la paix et par Paul Martin, ex-premier ministre du Canada, le Conseil de Direction du FFBC comprend des représentants de la COMIFAC, de la CEEAC, de la BAD, de la société civile et des bailleurs de fonds. Le financement du Fonds est assuré à ce jour par les Gouvernements de Grande Bretagne et de la Norvège.
Le Secrétariat du FFBC siège à Tunis, au sein de la Banque africaine de développement. Des antennes sont prévues au sein des bureaux de la BAD à Yaoundé et Kinshasa.
Qui est éligible pour obtenir des fonds du FFBC? Quels sont les principaux critères pour obtenir des fonds ?
Les activités du FFBC couvrent l'ensemble des dix pays d'Afrique Centrale, réunis au sein de la COMIFAC, à savoir,
le Burundi,
le Cameroun,
la République Centrafricaine,
le Tchad,
la Guinée Équatoriale,
République Démocratique du Congo,
le Gabon,
La République du Congo,
le Rwanda et
Sao Tomé et Principe.
Les Institutions étatiques des pays membres, les ONG nationales et internationales, les organisations communautaires de base, les opérateurs économiques du secteur privé et des institutions intervenant dans le secteur forestier peuvent soumettre des propositions de projets au financement du FFBC. Lorsque l'institution n'est pas d'un pays du bassin du Congo, la proposition doit être soumissionnée en partenariat ou en consortium avec une institution basée dans la région.
Les propositions issues de partenariats entre les organisations individuelles ou groupes travaillant ensemble sont considérées par le Fonds. Le FFBC est particulièrement intéressé par le partenariat entre le gouvernement et la société civile ou le gouvernement et le secteur privé.
Les critères indicatifs de sélection de propositions sont les suivants:
Le projet contribuera-t-il attendue aux objectifs généraux du FFBC. Le projet ralentira-t-il le rythme de la déforestation et réduira-t-il la pauvreté parmi les communautés forestières?
La contribution aux domaines thématiques du FFBC?
La conformité avec le Plan de convergence de la COMIFAC?
Le degré d'innovation de la proposition?
Le potentiel de transformation de la proposition?
Pouvez-nous nous décrire quelques projets à succès du FFBC?
Du fait du démarrage récent des opérations du Fonds, la majorité des projets qui bénéficient d'un financement depuis 2009 sont dans la phase initiale d'exécution. Cependant, certains projets ont déjà produit des résultats probants sur le terrain.
A titre d'exemple on pourrait citer entre autres:
Alternatives à la destruction des mangroves pour l'amélioration des conditions de vie des femmes en Afrique Centrale. Ce projet permet de réduire les quantités de bois utilisées dans les fumoirs de poisson au Cameroun;
Suppression progressive de la culture sur brulis en utilisant le bio char dans 10 villages pilotes de la Province de l'Equateur en RDC. Ce projet assure la promotion du bio char pour le maintien de la fertilité des sols, l'amélioration des rendements agricoles, et la séquestration permanente du carbone.
Quelles sont les procédures mises en place pour assurer la transparence et la bonne gouvernance dans l'allocation des fonds à des projets potentiels du basin du Congo?
Les propositions de projet sont évaluées suivant les critères préétablis et clairement indiqués dans les notes d'information aux soumissionnaires. Ensuite, l'examen des propositions reçues se fait par un comité technique d'experts, suivi d'une évaluation croisée.
L'approbation des projets est faite par le Conseil de Direction du Fonds. Les projets retenus par le Conseil de Direction font l'objet d'un rapport d'évaluation plus détaillée pour s'assurer que le document final de projet est conforme aux politiques nationales du /ou des pays concernés, que la participation des communautés locales sera effective et que les conditions sont réunies pour une mise en Å"uvre satisfaisante du projet et l'atteinte des objectifs retenus.
Par ailleurs, les accords de dons prévoient la production périodique de rapports techniques et financiers chaque semestre ainsi qu'un audit financier annuel. Une évaluation à posteriori est également prévue après la date de clôture du projet.
Le changement climatique pose dorénavant une menace à l'atteinte du développement économique et à la réduction de la pauvreté. Elle conduira à des pertes de récoltes, des épidémies, des maladies du bétail, la perte de terres arables. Dans quelle mesure cela affectera la région du Bassin du Congo? Et comment est le secrétariat FFBC compte s'attaquer à ce problème urgent?
Les forêts du bassin du Congo s'étalent sur environ 200 millions d'hectares. Elles nourrissent et abritent environ 50 millions d'habitants dont la majorité vit encore en deca du seuil de pauvreté. Ces forêts font face à de nombreux défis qui menacent leur survie. Le taux de déforestation annuel est aujourd'hui estimé à 0.16 % soit une perte de plus 320.000 ha/an. Le braconnage pour l'approvisionnement de la filière de viande de brousse provoque la disparition de certaines espèces animales. L'agriculture itinérante sur brulis et l'exploitation informelle et non durable du bois ne cesse de dégrader les écosystèmes forestiers naturels.
Les conflits armés, la mauvaise gouvernance, le manque de capacité institutionnelle réduisent les efforts de conservation et accentuent la dégradation. Enfin, l'apparition plus fréquente d'événements climatiques extrêmes accroit la vulnérabilité des populations dont la survie dépend largement des écosystèmes forestiers.
Pour pallier à cette situation, le FFBC finance des initiatives innovantes et transformatives visant à ralentir la déforestation et à réduire la pauvreté à travers notamment la gestion durable des ressources forestières, et les activités alternatives (à la déforestation) génératrices de revenus. Le Fonds travaille également en collaboration avec d'autres initiatives notamment le FCPF (Banque mondiale) et l'UN-REDD, pour appuyer les pays membres de la COMIFAC dans l'élaboration et la mise en Å"uvre des programmes REDD.
Par ailleurs une vingtaine de projets pilotes REDD inities par les des ONG et certains pays de la COMIFAC sont en cours de financement et/ou de finalisation. D'autres projets REDD sont annoncés et le FFBC espère recevoir des financements additionnels pour faire face aux défis qui l'interpellent.
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