Le précédent directeur de cabinet du ministère ivoirien de l'Agriculture, M. Diamoutine Alassane à indiqué lundi 24 mai 2010, lors d'un atelier sur le Consortium africain pour la recherche économique dans le cadre des Assemblées annuelles de la BAD, que la Côte d'Ivoire a besoin de mettre en place une nouvelle politique agricole pour propulser son développement.
Faisant une analyse diachronique de la politique agricole de la Côte d'Ivoire depuis l'accession du pays à l'indépendance en 1960 jusqu'à nos jours, M. Diamoutine a expliqué que de 1960 jusqu'en 1980, la politique agricole du pays a été marquée par une forte présence de l'Etat dans ce secteur avec notamment la création des structures comme la Caisse de stabilisation et de soutien des prix des produits agricoles (Caistab), la société d'assistance et de modernisation de l'agriculture (Satmaci), la Société pour le développement des fruits et légumes (Sodefel).
De 1980 jusqu'en 1990, cette politique agricole a moins affirmé la présence de l'Etat puisque selon lui, les programmes d'ajustement structurels imposés aux pays en développement dont la Côte d'Ivoire par les bailleurs de fonds, avaient affaibli la présence de l'Etat et du coup, des marchés également.
Et enfin, de 1990 jusqu'à nos jours, il a souligné que la tendance est à un appui aux politiques agricoles avec à la fois la présence de l'Etat et du secteur privé. «A mon avis, aujourd'hui, on ne peut pas aller de l'avant sans repenser notre politique agricole. Nous avons bâti notre agriculture sur des cultures d'exportation comme que le cacao, le café, l'hévéa culture, le palmier à huile. Nous devons consolider cela. Mais nous devons également développer et diversifier l'agriculture alimentaire pour lesquelles il faudrait véritablement que la Côte d'Ivoire repense sa politique agricole», a expliqué M. Diamoutine.
Ce faisant, selon lui, il faut que le secteur privé et l'Etat s'associent, l'Etat faisant les investissements en termes d'aménagement ou en termes de réhabilitation des aménagements agricoles disponibles pour que l'agriculture ivoirienne soit un secteur vraiment moderne.
«Nous avons aujourd'hui un réseau hydrologue moderne et très développé, mais nous avons encore des aménagements à faire à ce niveau. De plus, nous avons des barrages qui ont été abandonnés qui doivent être réhabilités pour tenir le cap de la productivité» a-t-il ajouté tout en souhaitant qu'il y ait également des investissements dans le secteur du riz".
«En Côte d'Ivoire par exemple, 80% de la production du riz sont issues de la riziculture fluviale et seulement 20% de la production à la riziculture irriguée, alors que la riziculture irriguée a un rendement cinq fois plus élevé que la riziculture fluviale. Nous importons la moitié de notre production, mais si nous développons la riziculture irriguée, en faisant des aménagements, en investissant dans les barrages et en même temps en faisant des politiques d'appui aux intrants, vous verrez que même nous seront autosuffisants en riz très rapidement et nous pourrons même approvisionner la sous région en riz», a-t-il conclu.