Comment le secteur privé en Afrique peut-il stimuler la croissance et la prospérité en créant de nouveaux avantages concurrentiels en faveur de son développement?
Cette interrogation, éclairée d'une lumière nouvelle par la crise économique mondiale et ses diverses conséquences, prend une tournure urgente. Aussi, les 45ème Assemblées annuelles de la Banque africaine de développement (BAD), tenu les 27-28 mai 2010 à Abidjan ont offert une belle plateforme de discussion entre opérateurs économiques et pouvoirs publics via un forum ouvert: «dialogue des chefs d'entreprises».
Occasion de partage d'information, d'échanges de points de vue et de perspectives sur ce que doivent faire entreprises et administrations pour que, sur le continent, comme c'est le cas ailleurs dans le monde, «le secteur privé y devienne la locomotive (non seulement de la croissance, mais également du développement».
Comme on pouvait s'y attendre, le panel, auquel participait le président Donald Kaberuka de la BAD, et composé d'opérateurs économiques, dont le directeur général de la Bourse de Nairobi, du président du conseil d'administration de la Sitarail (Groupe Bolloré), entre autres, a parlé des obstacles structurels que «les gouvernements devraient travailler à lever s'ils veulent créer les conditions internes d'épanouissement d'un secteur privé dynamique, véritable moteur du développement de l'Afrique».
Des cadres réglementaires et légaux aux difficultés d'accès au financement en passant par les pesanteurs administratives, l'imprévisibilité et la lisibilité embuée des stratégies et politiques de développement, l'instabilité politique, la mauvaise gouvernance, la mentalité de fonctionnaire... Toutes ces insuffisances qui augmentent les risques d'investir et/ou de créer des entreprises sur le continent africain.
Pour le président de la BAD, bien que réelles, ces faiblesses qu'il élève au rang de «défis pour l'Afrique», ne doivent pas occulter une réalité: «les opportunités ne manquent pas sur le continent».
«Les risques sont parfois élevés, mais il en est de même des bénéfices potentiels», a-t-il soutenu. Du point de vue de Donald Kaberuka, l'environnement des affaires sur le continent ne cesse de s'améliorer, amené par un changement en cours des mentalités, tant au niveau des administrations que des opérateurs économiques, qui de plus en plus concilient leurs efforts.
Mais pour hisser l'Afrique à des paliers supérieurs, poursuit le président, il nous faut sortir de la perspective fortement réductrice de pourvoyeurs de ressources naturelles, car le continent est aujourd'hui une plateforme de demande».
Et de donner l'exemple de la téléphonie mobile au Kenya «où en l'espace de 10 ans, le nombre des détenteurs d'un téléphone portable est passé de 15 000 à plus de 15 millions à présent».
Sur la manière pour le continent de relever ce défi, le forum n'a pas tari d'idées: renforcement des partenariats publics privé (PPP) pour développer les infrastructures, développement et approfondissement des marchés de capitaux, développement de communication sociale pour massifier la demande, facilitation de l'accès au crédit, développement de joint venture, développement d'un tissu de PME/PMI pour capter les possibilités d'"outsourcing", amélioration et renforcement des capacités et des ressources humaines.
Chacun y est allé de sa recette, assaisonnée des réalités du terrain sur lequel il opère, mais également enrichie de l'expérience des pays émergents actuels. Et sur le front de ces solutions, le président de la BAD a assuré la communauté africaine des affaires de "l'engagement de la Banque en faveur du renforcement de la participation du secteur privé dans les pays».
La Banque, qui est déjà à la manÅ"uvre pour le développement de marchés obligataires, le renforcement des banques nationales et la consolidation de marchés africains de capitaux, «va intervenir davantage pour améliorer le climat des affaires en vue de réduire les risques». A la satisfaction des participants à ce forum.