Le capital humain peut-il contribuer à préserver des travailleurs en cas de chocs externes ? Cas de l'Afrique du Sud lors de la crise de 2008-2009
La 5è Conférence économique africaine (CEA), tenue à Tunis du 27 au 29 octobre 2010, a été l'occasion pour Marco Stampini et Désiré Vencatachellum, économistes du département de la recherche du Groupe de la Banque africaine de développement (BAD), et Ron Leung, de Oxford Center of African Study, de présenter une étude sur l'importance du potentiel humain lors de la crise de 2008-2009. Présentée sous le thème : « Le capital humain peut-il contribuer à la protection des travailleurs en cas de chocs externes ? » cette étude a été menée à partir du cas de l'Afrique du Sud. Le choix du sujet n'est pas fortuit, tant la crise économique a agité le monde cette période-là, et le pays en particulier a été touché par la récession. Dans son exposé, M. Stampini a souligné la nécessité pour les pays africains, avec le soutien de la BAD, de collecter des données statistiques, qui permettront la réalisation d'études similaires. «Les données statistiques trimestrielles fournies par l'Afrique du Sud, ont permis de réaliser l'exercice», a-t-il expliqué.
L'étude porte sur les secteurs de l'agriculture, des mines, de la manufacture, de l'énergie, du transport, des communications, des banques, de l'assurance et de l'immobilier, avec à la clé, trois problématiques : Qui supportera le coût du chômage massif ? L'éducation et l'expérience professionnelle peuvent-elles garantir la stabilité de l'emploi et protéger contre les chocs macroéconomiques ? Quelle est la pertinence du potentiel humain dans le développement économique ?
Selon l'étude, l'Afrique du Sud a perdu 360.000 emplois entre 2008 et 2009. Cependant, les travailleurs disposant d'un potentiel humain (c'est-à-dire d'un bon niveau d'instruction et/ou d'années d'expérience) n'ont quasiment pas ressenti les effets de la crise.
Ces experts affirment qu'il y a pour les pays africains, des leçons à tirer de l'expérience de cette crise. D'abord, les politiques de soutien à l'emploi pendant la période de contraction doivent cibler les travailleurs non qualifiés, moins instruits et peu expérimentés. Le phénomène de chômage touche en particulier les jeunes. Par ailleurs, à long terme, les gouvernements africains doivent renforcer leur politique en matière de développement du potentiel humain, et faciliter considérablement l'accès à l'enseignement et à la formation professionnelle ainsi que la réinsertion des jeunes dé-scolarisés. Une fois adoptée, cette politique pourrait contribuer à une forte réduction de la probabilité de perte d'emplois pendant les périodes de crises.
Le renforcement du potentiel humain dans toutes les contrées en Afrique, est l'un des objectifs de la stratégie à moyen terme du Groupe de la BAD. Il ne fait aucun doute que, depuis des décennies, les pays africains ont fait de l'investissement dans l'instruction et la formation, leur instrument de lutte contre la pauvreté.
La présentation a suscité des discussions enrichissantes. Marco Stampini, en économiste de recherche averti, a expliqué tous les aspects du capital humain, partant de son aspect sensible à sa nature évolutive. Des observations pertinentes du discutant, Mme Nora Aleki, de l'Institut de recherche économique et sociale (IRES) France, ont confirmé l'importance du capital humain dans le processus de développement. Aux termes de la session, les participants ont indiqué que «la présentation s'est déroulée de la manière la plus efficiente».
Le Groupe de la Banque africaine de développement, rappelons-le, a été la première organisation à préparer une étude sur ce sujet, qui a aussi été présentée au sein de l'institution en novembre 2009, et à la 5ème conférence de IZA/Banque mondiale sur l'emploi et le développement, tenue à Cape Town, en mai 2010. Après la Conférence de la CEA, l'étude sera présentée aux assemblées annuelles de l'American Economic Association, Denver, CO, USA, en janvier 2011.