Interview avec Dr. Ibrahim Assane Mayaki, Chef Exécutif du Secrétariat du NEPAD

5 Novembre 2010
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African Development Bank (Abidjan)
communiqué de presse

«... Compte tenu du rôle qui est le nôtre, nous avons grand intérêt à développer la coopération Sud-Sud », a souligné Mayaki, en marge de la réunion sur l'efficacité du développement à Tunis

Que vous inspire le thème de cette réunion : «De l'efficacité de l'aide à l'efficacité du développement» ?

Il faut d'abord mettre le binôme «Aide et Développement» dans son contexte historique. L'aide et le développement sont des concepts partout questionnés. Il y a toutes sortes de littératures sur le concept de l'aide et le développement, aujourd'hui. Mais pourquoi ce questionnement ? Nous assistons à la fin d'un modèle de développement et nous voyons l'émergence de nouveaux modèles de développement économique : le Brésil, la Malaisie, la Chine, etc.

Quand on regarde de près ces nouveaux modèles, aucun n'est bâti sur l'aide. Elles ont été substantiellement bâties sur des capacités différentes, notamment, le secteur privé avec l'appui des Etats. En tant qu'Africains, compte tenu du rôle qui est le nôtre, et que nous avons à jouer, nous avons grand intérêt à développer la coopération Sud-Sud. Ceci nous amène à repenser nos propres capacités de mobilisation de ressources, sans imiter un modèle quelconque. Cette réunion doit regarder de près les questions liées à l'efficacité du développement.

Comment selon vous, les Etats africains devraient-ils oeuvrer pour moins dépendre de l'aide, et rendre le développement plus efficace ?

L'efficacité du développement est la somme des actions visant l'amélioration des pratiques en matière de développement, pour la viabilité des résultats et de la qualité de nos productions. En d'autres termes, l'efficacité du développement place l'efficacité de l'aide dans une posture d'instrument de développement. Les pays sont l'épicentre de l'efficacité de l'aide, en tant que catalyseurs des actions collectives pour le développement de la coopération. Pour nous, le renforcement des actions visant l'acheminement de l'aide et les meilleures pratiques en vue de l'efficacité du développement devraient être privilégiées, avec à la clé, un système de responsabilité collective dans un partenariat orienté vers les résultats. Il est capital que nous ayons la même vision dans la manière d'agir, dans notre continent. L'Afrique, continent en pleine mutation, devra mieux gouverner ses relations avec ses nouveaux partenaires du Sud, tout en renforçant les échanges Nord-Sud, car, l'aide ne peut être le déterminant principal des politiques et stratégies de développement. J'ai l'intime conviction que, de manière collective, passer de la dépendance de l'aide, à l'efficacité du développement est possible.

Quels sont selon vous les questions qui vont dominer les débats ?

Les experts passeront en revue les questions d'appropriation, de responsabilité mutuelle, de la viabilité et des changements dans l'architecture de l'aide. D'une perspective régionale, nous allons explorer les mécanismes du développement viable des relations Sud-Sud. En d'autres termes, comment innover durablement dans le financement de l'efficacité de l'aide? J'ai grand espoir que les conclusions de nos discussions de Tunis, vont avoir un impact concret sur les préparatifs de la conférence de Busan et au-delà.

Des observateurs pensent que le NEPAD a échoué sur toute la ligne. D'autres estiment qu'il n'a plus sa raison d'être. Qu'en pensez-vous ?

Si on regarde les faits, toutes les initiatives continentales de développement ont échoué, sauf le NEPAD. Cela fait pratiquement une dizaine d'années que le NEPAD est là, et il vient d'être intégré à l'Union africaine (UA) comme agence de développement. C'est un fait non négligeable. Si cela avait été un échec, comme vous le soulignez, il n'aurait pas survécu toutes ces années-là, et n'aurait pas été transformé en Agence avec un mandat précis.

Deuxièmement, c'est un cadre de développement basé sur l'intégration régionale, avec pour objectifs précis, de faciliter la mise en oeuvre de programmes et projets régionaux prioritaires, notamment, l'infrastructure, l'agriculture, l'énergie, etc.

Avec le Groupe de la BAD, nous avons mis en Å"uvre un plan d'action à court terme (STAP), qui a été une réussite dans le domaine des infrastructures. Il y a eu des résultats concrets pendant plusieurs années avec l'appui de la BAD. Le NEPAD est installé institutionnellement pour le long terme. C'est dans l'intérêt de l'Afrique que le NEPAD réussisse, au plan politique et a plan économique, parce que son cheval de batail qui est l'intégration régionale, va être inéluctablement un véritable vecteur pour le développement du continent africain.

Contact

Aristide Ahouassou

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