Le problème du développement en Afrique ne devrait plus se résumer à des ressources financières mais plutôt intégrer le changement de paradigme qui en appelle à une reconversion volontariste des mentalités par rapport à l'argent et particulièrement à l'aide. Telle est la conviction des experts, représentants des institutions et de la société civile qui ont pris part aux travaux du Forum de Tunis sur l'efficacité de l'aide au développement organisé du 4 au 5 novembre 2010, sous l'égide de la BAD.
Selon les participants, le développement est tout d'abord une affaire de mentalité et de comportement.
Un pays peut disposer d'importantes ressources financières et matérielles sans être en mesure d'assurer un développement économique et social harmonieux et durable. Alors qu'il en est des pays qui n'en disposent pas et qui, pourtant font des progrès remarquables. A ce titre, Le Cap-Vert est un pays qui force le respect par ses progrès impressionnants en matière de gestion des finances publiques, de gouvernance et de transition démocratique. Alors que le pays ne dispose d'aucune ressource naturelle, même pas suffisamment d'eau douce parce que contraint à désaliniser l'eau de mer pour disposer d'eau potable, le pays est parvenu à passer du statut de pays pauvre très endetté à celui de pays à revenu intermédiaire.
Les pays africains sont interpellés par les vicissitudes de l'aide au développement qui les plongent dans un cercle vicieux de dépendance sans progrès notoire. Même si on ne peut pas se passer de l'aide parce qu'elle est le symbole manifeste de la solidarité internationale, il est imprudent d'en dépendre. A cet égard, contrebalancer cette dépendance passe aussi par la mobilisation des ressources intérieures.
En outre, chaque dollar d'aide doit être utilisé efficacement parce qu'il provient des contribuables des pays donateurs. Au moment où la crise financière frappe de plein fouet de nombreuses économies, les récipiendaires de l'aide au développement sont appelés à plus de rigueur dans la gestion des ressources mises à leur disposition. La transparence de cette gestion incombe aux gouvernants mais aussi aux bénéficiaires des projets et programmes de développement. Il s'avère donc plus qu'urgent de changer de mentalité vis-à-vis de l'aide pour un développement durable.
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Magatte Wade