"La Banque a fait preuve de souplesse et de capacité d'adaptation, face aux défis liés au fait de travailler à partir d'une agence temporaire de relocalisation, de devoir être tout pour tous, de devoir traiter avec un groupe multiforme de parties prenantes dans un environnement politique volatile, et de devoir appuyer plusieurs pays aux perspectives incertaines » (Jacqueline Chimhanzi).
Lors de votre (AfLI) rencontre avec le président de la BAD, Donald Kaberuka, dans le cadre de la visite que vous effectuez à la Banque, M. Kaberuka a souligné le rôle qui revient à la jeunesse pour relever les défis du développement politique et économique du continent. Que faites-vous dans ce domaine ?
Du point de vue professionnel, je dirige le bureau Deloitte Consulting Africa Strategy de Johannesburg, qui aide les clients à accéder aux opportunités d'affaires à travers le continent. Dès mon retour en Afrique du Sud, demain, par exemple, je ferai un exposé devant un groupe de 15 investisseurs suédois qui veulent comprendre les opportunités d'investissement et les risques connexes en Afrique, et comment se mouvoir dans ce paysage pour identifier et mesurer les opportunités du marché, et élaborer les stratégies d'entrée sur ce marché. Traditionnellement, la Suède entretient des relations de donateur avec l'Afrique, par le biais d'organismes tels que l'Association suédoise de coopération pour le développement international. De ce fait, la nouvelle orientation sur l'Afrique comme destinataire d'investissement marque un départ par rapport la manière dont les Suédois vont à l'avenir interagir et coopérer avec l'Afrique. Je suis fermement convaincue qu'il faut laisser le secteur privé s'épanouir. C'est une situation gagnant-gagnant : l'Afrique offre aux investisseurs les retours sur investissement les plus élevés au monde, et en revanche, l'Afrique est dans une situation favorable pour les investissements, que ce soit dans les infrastructures ou les télécommunications, à condition, toutefois, que les contrats soient bien négociés. Ici à la Banque, nous avons entendu parler de la Facilité africaine de soutien juridique. Par conséquent, dans mes négociations avec les investisseurs étrangers, je ne manquerai pas de renvoyer les parties africaines à cette Facilité, pour qu'elles sollicitent son aide.
Je siège aussi à deux conseils d'administration : « New Faces New Voices » et l'Institut africain de leadership. L'Afrique avance, bien sûr, mais je suis convaincue que le développement peut s'accélérer encore plus, si l'on implique plus les femmes et la jeunesse. En ma qualité de membre du conseil de l'Institut africain de leadership, je suis engagée à la vision de l'Institut qui cherche à développer une masse critique de jeunes leaders africains, tandis que, sous la direction et le parrainage de Mme Graca Machel, NFNV plaide pour des investissements innovants dans les femmes d'Afrique pour qu'elles soient dotées des ressources financières afin de contribuer de manière significative au développement durable de l'Afrique. NFNV exprime sa gratitude à la Banque comme partenaire de choix dans ses efforts.
Quelles leçons avez-vous tirées de vos rencontres avec la direction et les experts de la Banque ?
Vue de l'extérieur, la BAD est parfois perçue comme une institution lourde à se mouvoir et trop bureaucratique. Mais le privilège d'avoir siégé dans une réunion de la haute direction m'a donné l'occasion de voir la Banque comme une institution professionnelle, dynamique et fonctionnelle. J'ai été impressionnée par l'incroyable capacité de la Banque à opérer dans une époque de changement et de crise et de faire des choix difficiles. La Banque a fait preuve de souplesse et de capacité d'adaptation face aux défis liés au fait de devoir travailler à partir d'une agence temporaire de relocalisation, de devoir être tout pour tous, de devoir traiter avec un groupe multiforme de parties prenantes dans un environnement politique volatile, et de devoir appuyer plusieurs pays aux perspectives incertaines. La Banque devra, par conséquent, faire plus en matière de communications externes - de sorte que plus de gens reconnaissent, à juste titre, son rôle important de partenaire privilégié. La Banque doit également établir davantage de partenariats avec les organisations de la société civile (OSC), et travailler avec les forces du changement à travers le continent : les institutions qui sont sur le terrain et sont proches des bénéficiaires visés par les programmes de la Banque. Enfin, la Banque devrait faire davantage pour tirer parti de ses grands atouts, dont le plus important réside dans ses relations avec les acteurs des secteurs public et privé et son rôle d'intermédiaire entre eux.
Les interactions de M. Kaberuka avec les membres de l'Institut africain de leadership ont attiré mon attention sur certains traits du leadership : d'une part, son attitude gagnante et la volonté de faire bouger les choses. Deuxièmement, son ouverture d'esprit et son humilité à vouloir apprendre auprès des membres de l'Institut. Enfin, c'est un visionnaire - il nous a invités à la Banque et a donc demandé qu'un groupe de travail soit mis en place pour étudier à quoi pourrait ressembler un partenariat AfLI / BAD. Il n'a engagé ces ressources qu'après avoir visualisé les synergies à explorer et les résultats potentiels.