Tunis — Pour appuyer la mise en place de la stratégie d'appui de la Banque africaine de développement (BAD) à la Tunisie, partenaire historique et deuxième client historique de l'institution derrière le Maroc, les départements de la Banque chargés des opérations en Afrique du nord et de la recherche publient une note économique sur les enjeux et perspectives économiques du pays après la révolution au moment où le gouvernement tunisien de transition vient d'annoncer son plan de relance économique.
Cette publication de la BAD passe en revue les principaux défis de développement qui ont été parmi les moteurs de la révolution et qui persistent après celle-ci : le chômage des jeunes diplômés, les disparités régionales, la gouvernance et le climat des affaires. S'ajoutent à ces défis, les conséquences de la révolution sur une économie tunisienne déjà fragilisée par la crise financière telles que la baisse des recettes touristiques, la suspension des investissements, la fragilisation du système bancaire, et l'augmentation du taux de chômage.
Tous ces éléments ont été pris en compte pour établir trois scénarii économiques pour les deux prochaines années. Il en ressort que les prévisions de croissance pour 2011 pour l'économie tunisienne vont de 3.6 à -2.5 % du scénario le plus optimiste au scénario le plus pessimiste. La note fournit des indicateurs macro-économiques détaillés pour les trois scénarii proposés.
Les événements politiques des derniers mois se sont déroulés à grande vitesse. Aujourd'hui la situation politique et sociale semble être relativement apaisée avec la mise en route du processus de transition démocratique. La note économique de la BAD conclut « que les deux derniers mois suivant le départ de Ben Ali autorisent donc un optimisme prudent et les fruits à plus long terme de la révolution pourraient être bien plus importants, du point de vue de la croissance économique et de l'équité ainsi que de la cohésion sociales. »
Les prochains mois seront décisifs pour savoir si la Tunisie réalise des avancées suffisantes. Pour y arriver, le pays a besoin d'un appui rapide important et concerté des partenaires de développement. Depuis le renversement du régime en janvier dernier, la Banque africaine de développement par la voix de son président, Donald Kaberuka, n'a cessé d'affirmer sa volonté d'appuyer les autorités de transition et le peuple tunisien dans les réformes prioritaires qu'ils auront décidées. Le financement de projets et d'opérations en Tunisie pour l'année 2011 pourrait atteindre jusqu'à un milliard dollars.
Un débat sera organisé d'ici la fin du mois d'avril entre les experts de la Banque et divers acteurs économiques du pays autour des principaux enjeux économiques en cours.