Entrevue avec Boubacar Cissé, chef de l'Unité Coordination de la UNCCD pour l'Afrique
«L'UNCCD peut, dans le cadre d'une synergie avec la BAD, oeuvrer pour le maintien et le renforcement de son rôle de premier plan, lors de l'élaboration de projets de lutte contre la désertification, éléments utiles au Fonds Vert», a indiqué Boubacar Cissé
Quels sont les objectifs de cet atelier et qu'attendez-vous des travaux ?
A travers les présentations et discussions que nous avons eues ce matin, je souhaite que nous arrivions à une meilleure connaissance par les fonctionnaires du Groupe de la Banque africaine de développement (BAD), du processus de la convention des Nations Unies sur la lutte contre désertification ; des domaines prioritaires de sa mise en oeuvre, ainsi que du potentiel de sa contribution pour la résolution des questions traitées dans le cadre des politiques publiques, telles que par exemple, la sécurité alimentaire, la réduction de la pauvreté, en particulier en milieu rural, la conservation de la biodiversité, l'atténuation des changements climatiques ainsi que l'adaptation.
J'espère aussi que cet atelier n'est qu'un début d'une interaction effective et permanente entre l'Unité de coordination régionale de la convention (UCR) et les départements de la BAD en charge de l'agriculture et de la gestion des ressources naturelles, et de l'environnement, en général.
Quels sont les domaines spécifiques de collaboration de l'Unité Coordination de la Convention des Nations Unies pour la lutte contre la désertification (UNCCD) pour l'Afrique avec la BAD ?
Avec la BAD, la collaboration a commencé par l'accord de base conclu en 1999, pour qu'elle abrite l'Unité de coordination régionale pour l'Afrique. Il s'agit d'un appui substantiel que la BAD apporte au processus en Afrique par le seul fait d'abriter cette Unité et de lui créer les conditions de son fonctionnement, tout cela de façon gracieuse.
Mais l'autre aspect plus important est la collaboration visant des objectifs communs. Dans ce cadre l'UCR et le département du développement de l'agriculture (OSAN) de la BAD, ont travaillé sur un cadre de coopération qui couvre des thématiques importantes, notamment, la gestion des connaissances, les domaines d'activités, les programmes de prêts de la banque, la mobilisation des ressources, la coordination de l'aide et des partenariats et le suivi-évaluation. Les détails des activités prévues dans le cadre de ces domaines sont contenus dans ce cadre de coopération.
Vous avez souligné que la désertification est un phénomène mondial. Nous constatons pour notre part, que les questions liées à la dégradation des terres, au déboisement et à la rareté de l'eau dans certains milieux secs et arides, se posent avec acuité dans plusieurs régions en Afrique. Quelles sont les actions concrètes de collaboration de votre institution avec la Banque africaine de développement, pour relever ces défis réduisant l'efficacité du développement durable ?
Parmi les actions concrètes, il y a l'information et le plaidoyer que l'UCR envisage d'effectuer en direction des départements pertinents tels que, OSAN, ONEC, etc. L'UCR peut, dans le cadre d'une synergie avec la BAD, oeuvrer pour le maintien et le renforcement de son rôle de premier plan, lors de l'élaboration de projets de lutte contre la désertification, éléments utiles au Fonds Vert. L'atelier de ce matin entre dans ce cadre. Il y a aussi la coopération dans l'examen ou la revue des projets sous l'angle de leur prise en compte de la question de la lutte contre la désertification ou la dégradation des terres, sur le partage d'informations sur les aspects économiques de la gestion durable des terres et les synergies potentielles avec d'autres secteurs d'activités ou d'autres processus.
Nous avons aussi abordé la facilitation des contacts entre les fonctionnaires de la Banque et les points focaux nationaux de la convention. Ces actions concrètes aideront à intégrer les questions de la gestion durable des terres (GDT) dans les projets d'agriculture et de gestion des ressources naturelles.
Tout naturellement, cette collaboration est utile pour donner plus de visibilité à ce que la Banque apporte comme appui au financement des activités relevant de la convention. Ces actions n'apparaissent pas toujours dans les rapports, alors que nos échanges avec OSAN ont déjà permis de démontrer que la BAD en fait beaucoup. C'est là quelques cas d'activités en vue, dans le cadre de notre collaboration. La BAD étant la plus grande institution financière continentale, il est attendu qu'elle soit celle qui apporte le maximum de financement à l'Afrique pour la mise en oeuvre de cette seule convention de Rio qui met un accent fort sur sa mise en oeuvre en Afrique. Elle a un rôle de premier plan à jouer dans la gestion durable de l'environnement en Afrique. Il faut aussi souligner que l'Afrique n'a cessé de rappeler que son problème environnemental majeur c'est bien la désertification /dégradation des terres et la sécheresse récurrentes. Le Plan environnementale du Nouveau Partenariat pour le développement de l'Afrique (NEPAD) qui a un volet lutte contre la désertification, ainsi que la Grande muraille verte sont quelques exemples de manifestation de cette priorité pour l'Afrique.
La BAD va abriter le Fonds Vert, et nous sommes à quelques mois de la réunion préparatoire de la COP 17 des changements climatiques. Dans quelle mesure votre collaboration aidera-t-elle à la mise en place de ce Fonds vert ?
Le fonds vert comme son nom l'indique a certainement pour objectif de financer ou de soutenir les actions de développement conçues de manière à intégrer la protection, la conservation et/ou l'amélioration de l'environnement, donc des activités de développement durable. En lisant les rapports des institutions de développement ou des institutions financières, le constat est qu'il y a une bonne croissance économique du continent (plus ou moins 5%), mais un environnement biophysique qui se dégrade et une population qui s'appauvrit. Le développement en cours n'est donc pas durable si on se réfère à la définition du développement durable issue du Sommet de Rio. La convention sur la désertification, dans son essence même, traite de la gestion durable des terres en rapport avec la lutte contre la pauvreté et la durabilité environnementale. La Stratégie décennale de la convention est venue rappeler encore de façon plus forte que la convention offre un cadre idéal pour réaliser les synergies nécessaires, avec par exemple, la conservation de la biodiversité, l'adaptation aux changements climatiques et leur atténuation. Sur ces bases, les stratégies de gestion durable des terres (GDT), ainsi que les potentiels d'activités synergiques qui peuvent exister lorsqu'on élabore un programme ou un projet de lutte contre la désertification, sont des éléments utiles au Fonds Vert dans le cadre de la définition de ses domaines d'intervention prioritaires.