La BAD et la Tunisie - Réflexion commune pour une relance de la croissance dans la construction démocratique

12 Mai 2011
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African Development Bank (Abidjan)
communiqué de presse

Débat avec le public

« La Tunisie post-révolution, défis et perspectives économiques ». Tel est l'intitulé du débat organisé par la BAD, le 12 mai 2011, à Tunis. L'objectif de cet évènement était de lancer une discussion de haut niveau entre les experts de la Banque, des acteurs importants de l'économie tunisienne, le monde de la recherche et de l'entreprise ainsi que la société civile. La base de discussion était la note publiée le 11 avril dernier par les départements des opérations en Afrique du nord et de la recherche sur le développement. Cette note conjointe présente des scénarii économiques différents pour les deux années à venir, faisant varier la croissance de 3,5% à -2,5% de l'hypothèse la plus optimiste à la plus pessimiste. L'hypothèse moyenne de 1% étant privilégiée par la BAD.

Ce débat, animé par le journaliste tunisien, Ridha Kéfi, a vu la participation de :

  • Monsieur Mustapha Kamel Nabli, Gouverneur de la Banque centrale de Tunisie) ;
  • Monsieur Aloysius Uche Ordu, Vice-Président de la BAD chargé des Programmes nationaux et régionaux, et des Politiques;
  • Monsieur Mthuli Ncube, Vice-Président et Chef Economiste ;
  • Monsieur Mahmoud Ben Romdhane, Professeur de sciences économiques à l'Université tunisienne ;
  • Monsieur Abdelaziz Darghouth, Président du Centre des Jeunes Entrepreneurs, à l'Institut Arabe des Chefs d'entreprises.

L'ensemble des intervenants tunisiens s'accorde à dire qu'à long terme la perspective démocratique est prometteuse pour la croissance, mais que la Tunisie passe aujourd'hui par la phase la plus délicate de sa transition.

Pour le Gouverneur de la Banque centrale, cette période post-révolution est caractérisée par l'incertitude. Ce qui impose de « se mettre en situation de gestion de l'incertitude et du risque ». La meilleure approche est de « ne pas engager tous les instruments de politique monétaire et de politique budgétaire disponibles tout de suite, mais de les actionner à chaque fois que le besoin est le plus pressant », a insisté M. Nabli.

M. Abdelaziz Darghouth est convaincu que « sans réussite économique, la transition démocratique n'a pas de chance de succès ». Pour le président du Centre des jeunes entrepreneurs, l'avenir de l'entreprise nécessite de « renouer le dialogue entre patrons et travailleurs et construire la confiance entre ces deux acteurs indissociables de la création de richesses ». Il faudra pour cela promouvoir les valeurs de transparence et inclure fortement la jeunesse et les femmes dans la future économie du pays, qui peut opter pour un modèle de croissance innovant.

Pour le Professeur Ben Romdhane, le double sentiment d'incertitude et d'une situation fortement détériorée est du au fait que « cette révolution est dans une phase de destruction de l'ordre ancien. C'est également une destruction au plan économique et financier que l'environnement régional -notamment la Libye- vient singulièrement compliquer. » Pour cet économiste et militant de la démocratie de longue date, « il n'y a pas de sortie de crise sans réponses aux jeunes des régions défavorisées ». Le retour de l'investissement est conditionné par « la capacité des tunisiens à tenir des élections dont les résultats doivent être un message fort d'ouverture au monde ».

Les deux vice-présidents de la Banque ont rappelé le soutien apporté par la Banque en cette période cruciale de l'histoire de la Tunisie. Pour la Banque, la question de la croissance inclusive est un enseignement central qui devra concerner ses engagements au delà de la Tunisie, pour toute la région de l'Afrique du Nord.

Pour l'économiste en chef Mthuli Ncube, l'appui au secteur privé et aux PME est prioritaire pour la création d'emplois et le redressement de l'économie du pays. Selon lui, la Tunisie a par exemple un tissu d'entreprises très innovantes dans le domaine des technologies de la communication qu'il faut savoir exploiter. Tout le secteur privé est en difficulté et risque de le rester jusqu'à la stabilisation de la situation. L'avenir économique et politique est incertain certes, mais Mr. Ncube a ajouté une notes d'espoir : « il faut être confiant dans le processus de réconciliation du pays. ».

Le Vice-président Ordu a insisté sur la complexité de la situation dans toute l'Afrique du nord. Pour lui, la stabilisation de la situation en Tunisie et dans la région nécessite la mise en place d'institutions fortes tant pour la société civile que politiques et économiques. Les institutions financières de développement et les bailleurs ne peuvent plus prétendre avoir des solutions toutes prêtes. Notre approche devrait être plus modeste et coordonnée. « Une croissance plus équitable doit être notre priorité » a-t-il conclu.

L'ensemble du débat, entre panélistes et avec le public, a révélé combien l'intrusion de la dimension politique a permis d'éclairer de façon très utile les enjeux économiques futurs.

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