Le président de la Banque africaine de développement (BAD), Donald Kaberuka, a lancé un appel pour que soient prises des mesures concrètes de lutte contre les impacts dramatiques de la sécheresse et de la famine dans la Corne de l'Afrique.
S'adressant aux participants du troisième congrès triennal de la Société pour le développement international (SID), qui s'est ouvert le vendredi 29 juillet à Washington DC., M. Kaberuka a déclaré que la tragédie, engendrée par la pire sécheresse des 60 dernières années, a été exacerbée par l'échec collectif des parties à la guerre civile en Somalie à mettre fin au conflit.
Quelques 10 millions de personnes ont besoin d'aide alimentaire. Deux millions d'enfants souffrent de malnutrition et un demi-million est au bord de la famine.
« C'est notre échec devant ce qu'on appelle « les urgences aux pas lents », dont la sécheresse récurrente dans la Corne est une illustration. Après tout, ce n'est pas un tsunami qui nous a pris par surprise », a-t-il déclaré.
M. Kaberuka a fait observer que si la nature peut sans doute être accusée pour une grande partie de ce qui arrive, il n'en reste pas moins que la situation a fait boule de neige pour prendre les dimensions d'une tragédie inacceptable du fait d'actes sciemment posés ou omis par les hommes.
Citant le prix Nobel d'économie Amartya Sen, le président de la BAD a expliqué que les famines sont le reflet des déficits des politiques, ajoutant que dans le cas d'espèce, la gestion de la crise somalienne et l'absence d'une planification à long terme de l'écosystème fragile du pays sont en grande partie les coupables.
« Nous avons tous notre part de responsabilité, spécialement ceux d'entre nous qui sont à des postes de dirigeants en Afrique. Je suis sûr que ce n'est pas la dernière fois que nous connaîtrons ce genre de sécheresse dans la région », a-t-il fait observer.
Pour l'heure, la priorité, c'est de sauver des vies, mais il est sûrement de la plus haute importance de dire, tous ensemble : « La sécheresse peut survenir, mais il n'y aura pas de famine », a conclu M. Kaberuka.
Organisé sur le thème : « Notre défi commun : un monde en marche vers un avenir durable », le congrès a attiré plus de 1000 praticiens du développement venus du monde entier. Deux sessions d'une pleine journée chacune, avec des discours-programmes, des discussions en groupes et des échanges croisés, ont couvert les questions de développement de l'Afrique et du monde.
Créée il y a 50 ans, la Société pour le développement international est une association internationale de professionnels du développement engagés pour un développement économique et social inclusif, équitable et durable. La mission de l'association est de promouvoir le développement équitable en organisant des rencontres entre divers acteurs pour échanger sur les idées, politiques et pratiques de fond qui façonnent l'avenir du monde.