Les taux actuels de croissance économique soutenue de l'Afrique pourraient être touchés par la crise économique persistante dans le monde développé, selon la Banque africaine de développement (BAD).
S'exprimant lors de la cérémonie d'ouverture de la Conférence économique africaine à Addis-Abeba, le mardi, le chef économiste de la BAD, Mthuli Ncube, a déclaré: « Selon nos prévisions, une baisse d'un pour cent du PIB des pays de l'OCDE conduirait à une chute d'un demi pour cent du PIB en Afrique. »
M. Ncube a estimé le taux de croissance de cette année pour l'Afrique à 5,5 pour cent et à 5,8 pour cent l'année prochaine.
Le thème de la Conférence économique africaine 2011, la sixième de la série co-organisée par la BAD, la Commission économique des Nations Unies pour l'Afrique (CEA) et le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), est «L'économie verte et la transformation structurelle ».
Au cours des quatre jours que durera l'évènement, économistes, spécialistes du changement climatique et chercheurs aborderont la question de savoir comment l'Afrique peut se développer et créer les emplois dont elle a tant besoin, sans aggraver les problèmes environnementaux mondiaux.
L'économiste en chef de la BAD a déclaré que le continent africain « souffre injustement» du changement climatique. Il a expliqué que bien que l'Afrique ne contribue que pour quatre pour cent aux émissions mondiales des gaz à effet de serre, elle reçoit, en bout de chaîne, plus que sa part des effets du changement climatique, comme la raréfaction de l'eau et les variations climatiques extrêmes.
Dans le même temps, a-t-il ajouté, l'Afrique ne reçoit pas sa juste part de financement pour atténuer les effets du changement climatique. M. Ncube a souligné le fait qu'«au cours des quatre dernières années, l'Afrique n'a reçu que 12 pour cent des fonds mondiaux disponibles pour l'adaptation au changement climatique ». Il a ajouté que la BAD a veillé à ce que les fonds soient investis dans des projets respectueux du climat. En vue de lever les ressources qui font si cruellement défaut pour les initiatives sur le changement climatique en Afrique, elle envisage la création d'un Fonds vert pour l'Afrique dans un avenir pas si lointain.
Faisant écho aux propos de l'économiste en chef, Tegegnework Gettu, directeur du Bureau régional du PNUD pour l'Afrique, a déclaré: «Le continent est le plus vulnérable au changement climatique». Il a fait observer que tandis que le niveau global du développement humain de l'Afrique est faible, le continent est affecté de manière disproportionnée par la pollution.
Le secrétaire exécutif de la CEA, Abdoulie Janneh, a souligné que la croissance économique et le vert peuvent aller de pair. «Il est important que l'économie verte ne cause pas d'autres dommages à l'environnement », a-t-il mis en garde.
La croissance, selon ses explications, est essentielle, notamment pour la création d'emplois et surtout chez les jeunes. « La priorité la plus urgente en Afrique est la création d'emplois. Nous devons nous assurer de créer des emplois pour les jeunes. »
Jean Ping, président de la Commission de l'Union africaine, a souligné le caractère crucial du développement économique de l'Afrique. Il a fait remarquer que les enjeux de l'économie verte ne sont plus uniquement des sujets de débat, mais qu'il doit exister un modèle compatible avec l'Afrique. «Le processus a déjà commencé », a-t-il dit. « L'économie verte est déjà en marche dans la plupart des pays africains. »
M. Ping a souligné: «L'Afrique ne restera pas en marge de la lutte pour une économie verte. Il est essentiel d'atteindre une croissance inclusive, sans accroître les risques environnementaux. »