Les leaders africains ont revendiqué aujourd'hui à Durban un meilleur accès de l'Afrique au financement climatique. Ils ont fortement rappelé que l'Afrique est déterminée à s'engager résolument dans la voie du développement propre. Pour cela, elle a besoin d'un accès égalitaire au financement climatique, en établissant un lien fort entre développement, adaptation et atténuation.
Clôturant deux semaines de forte présence de l'Afrique à la Conférence de l'ONU sur le changement climatique, une table-ronde de haut niveau a réuni au pavillon Afrique un panel prestigieux : le Premier Ministre éthiopien Meles Zenawi, le ministre sud-africain chargé de la Commission nationale de planification Trevor Manuel, le président de la Commission de l'Union africaine Jean Ping, le ministre de l'Economie forestière de la République du Congo Henri Djombo, le président de la Banque africaine de développement Donald Kaberuka et le sous-secrétaire général des Nations Unies et secrétaire exécutif de la Commission des Nations unies pour l'Afrique Abdoulie Janneh, le directeur général de l'Organisation des Nations Unies pour l'industrialisation Kendeh Yumkella et le professeur Nicholas Stern, de la London School of Economics.
S'il est vrai que « l'Afrique doit s'engager aujourd'hui dans l'énergie propre, dont les coûts de revient sont nettement moins chers que les sources fossiles », a argumenté Meles Zenawi, l'Afrique aura besoin d'une période transitoire qui lui permette de migrer progressivement vers les énergies propres.
A cet égard, s'est félicité Jean Ping, « l'Afrique a abordé les négociations climatiques de Durban en rangs serrés. Si nous étions venus individuellement, personne ne nous aurait entendus et nous aurions été incapables de défendre nos intérêts. » « C'est la première fois que l'Afrique participe à ces discussions en parlant d'une seule voix, a-t-il ajouté. Le résultat est là : notre voix a été entendue. » Pour le président de la Commission de l'Union africaine, le droit à l'échec est exclu dans ces discussions climatiques. « Il n'y pas de perdant ou de gagnant dans cette aventure, a-t-il souligné. Si nous gagnons, nous gagnons tous ensemble, si nous perdons, nous perdons tous ensemble ! »
Cette cohésion est d'autant plus importante que « la seule réponse valable à la crise économique mondiale viendra d'un retour à la croissance, et cette croissance viendra des économies émergentes et de l'Afrique », a estimé Donald Kaberuka. A l'heure où le monde doit relever le double défi de la pauvreté et du changement climatique, intimement liés, l'Afrique ne pourra s'engager sur des chemins de croissance verte que si les engagements de Kyoto concernant la taxation du carbone sont matérialisés et que le Fonds climatique vert voit le jour, a-t-il ajouté. « Nous ne pouvons pas combattre le changement climatique si nous condamnons l'Afrique à la pauvreté », a insisté le président de la BAD. Il a rappelé à cet égard la décision des chefs d'Etat africains de créer un Fonds vert africain pour améliorer l'accès des pays africains aux ressources climatiques, en instaurant une parité entre l'atténuation et l'adaptation, et en mobilisant des ressources additionnelles.
Le ministre congolais de l'Economie forestière a abondé dans ce sens. « L'accès aux crédits carbone est une procédure longue, compliquée et complexe, s'est désolé Henri Djombo. L'Afrique a aujourd'hui besoin de sources de financement qui mettent au coeur de leur action l'équité et la transparence. »
« La mobilisation de ressources passera inévitablement par la mise en place de solutions innovantes », a déclaré le sous-secrétaire général des Nations Unies et secrétaire exécutif de la Commission des Nations Unies pour l'Afrique. Abdoulie Janneh a ainsi estimé qu'il était temps de mettre en place les institutions appropriées, à l'échelle nationale et continentale.
Il est à cet égard impératif, comme l'a souligné Trevor Manuel, de renforcer les communautés économiques régionales et de favoriser l'intégration régionale.
En prenant le leadership sur les questions climatiques, en inscrivant son action dans un triptyque développement / adaptation / atténuation, l'Afrique pourra relever le défi qui lui est posé, a pour sa part observé Nicholas Stern.
A l'heure où l'Afrique n'accède qu'à 12 pour cent des fonds climatiques (un accès qui tombe à deux pour cent seulement pour les pays les moins avancés), le continent a bénéficié d'une plateforme sans précédent pour faire entendre sa voix en appuyant les discussions menées par le Groupe des négociateurs africains. Situé dans l'enceinte de la dix-septième Conférence des parties à la convention-cadre des Nations Unies sur le changement climatique (CCNUCC), le pavillon Afrique a démontré la capacité de l'Afrique à être une partie de la solution des problèmes du changement climatique. Il a ainsi accueilli une centaine de tables rondes et de conférences de haut niveau abordant tous les aspects du changement climatique en Afrique.
Grâce à cette richesse de contenu et à une reconstitution de la forêt équatoriale sur 500 mÂ', le Pavillon Afrique a drainé plus de 10 000 visiteurs.
Contacts médias:
Commission de l'Union africaine
Olushola Olayide, Département de l'économie rurale et de l'agriculture
Molalet Tsedeke, Direction de l'information et de la communication
Banque africaine de développement
Chawki Chahed, Relations médias
Senvy Maistry, Audiovisuel
Commission économique des Nations Unies pour l'Afrique
Aloysius Fomenky, African Climate Policy Centre, Economic Commission for Africa
Andrew Allimadi, Communications Officer