« Nous ne pouvons pas combattre le changement climatique en condamnant l'Afrique à la pauvreté », a déclaré le président de la Banque africaine de développement, Donald Kaberuka, présent à la Conférence des Nations unies sur le changement climatique, qui se clôt aujourd'hui à Durban, en Afrique du Sud.
S'exprimant aujourd'hui en séance plénière mixte de la 17e conférence des parties (COP17) de la Convention-cadre des Nations unies sur le changement climatique et la 7e session de la Conférence des parties siégeant en tant que Réunion des parties au Protocole de Kyoto (CMP7), le président Kaberuka a appelé les parties à atteindre un accord solide sur l'extension du protocole de Kyoto.
Il a estimé qu'il est grand temps de passer à la mise en oeuvre du Fonds vert climatique, dont le projet avait été lancé à Cancun en 2010.
Toutefois, avait-il averti plus tôt, en s'adressant au Groupe des négociateurs africains, « S'il est facile de créer de nouveaux fonds, il faut s'assurer que ces fonds répondent aux aspirations de l'Afrique en termes de gouvernance, de représentation et d'accès ».
Pour le président de la BAD, cette préoccupation est d'autant plus légitime que l'éparpillement des fonds climatiques, leur difficile accès pour les pays africains ont privé jusque-là le continent des ressources climatiques. « L'Afrique n'a bénéficié que de 12 pour cent des ressources climatiques mondiales », a-t-il regretté en soulignant que ces ressources-là avaient principalement profité à l'Afrique du Nord, les pays les moins avancés ne recevant que 2 pour cent de la manne climatique mondiale.
Revenant sur la volonté des chefs d'Etat africains de confier la gestion du Fonds vert africain à la Banque africaine de développement, Donald Kaberuka a rappelé que la première institution du financement du développement en Afrique a une solide expérience dans la gestion de fonds spécialisés tels que le Fonds forestier du bassin du Congo, la Facilité africaine de soutien juridique, le Fonds de l'initiative pour l'alimentation en eau potable et l'assainissement en milieu rural.
L'Afrique sera demain, avec les pays en développement, la locomotive de la croissance mondiale, a affirmé le président Kaberuka. Selon les estimations d'un récent rapport de la Banque africaine de développement, « L'Afrique en 2050 », le produit intérieur brut africain devrait passer à 15 000 milliards de dollars en 2060, contre moins de 2 000 milliards actuellement. « L'absence d'accord à Durban compromettrait gravement les progrès réalisés par l'Afrique au cours des dix dernières années », a averti le président Kaberuka.