Le manque de volonté politique ralentit la mise en oeuvre des projets vitaux d'infrastructures régionales en Afrique, a déclaré le président de la Banque africaine de développement (BAD).
Dans son discours à l'ouverture du 18e sommet de l'Union africaine dans la capitale éthiopienne, Addis-Abeba, plus tôt cette semaine, Donald Kaberuka a déclaré que, plus que le manque de ressources, le manque de coopération entre les pays est souvent le principal obstacle au lancement et à l'achèvement des projets critiques d'infrastructure régionale en Afrique. Ceci, a-t-il indiqué, a un impact négatif sur la croissance du commerce intra-africain. «Promouvoir le commerce intra-africain» est le thème du sommet.
Le président Kaberuka a cité l'exemple du pont sur le fleuve Gambie, devant relier la Gambie et le Sénégal, comme l'un des projets de la BAD qui a été retardé de nombreuses années pour des raisons politiques. Après l'intervention de la BAD, la construction du pont devrait commencer bientôt.
Il a également mentionné l'exemple du pont de Kazungula, en Afrique australe, autre projet vital retardé par les lenteurs de la coopération entre les pays. Le financement du pont, qui reliera la Zambie et le Botswana en enjambant le fleuve Zambèze, a finalement été obtenu et la construction devrait débuter.
Le pont de Kazungula, qui remplacera un service de traversiers, est appelé à avoir un impact majeur sur le commerce en Afrique Australe, car il améliorera la circulation des biens et des personnes dans la région. Il devrait permettre de réduire la durée de transit pour les marchandises transportées entre la Zambie et le Botswana, deux pays enclavés. Grâce au pont , cette durée passerait de 30 heures, ou parfois même un mois durant les périodes de pointe, à seulement six heures.
M. Kaberuka a fait observer qu'une bonne coopération entre les pays pourrait permettre de réaliser à temps les projets d'infrastructure qui amélioreront et renforceront le commerce intra-africain et la croissance économique du continent.
Le président de la BAD a aussi donné l'exemple du projet d'interconnexion électrique Ethiopie-Djibouti, qui vient d'être achevé et permet désormais à l'Ethiopie d'exporter de l'énergie vers Djibouti. La Banque africaine de développement a contribué pour 150 millions de dollars EU à ce projet. Elle fournira en outre 300 millions de dollars EU pour le projet d'interconnexion électrique Ethiopie-Kenya qui va stimuler la fourniture d'énergie au Kenya et au pool énergétique de l'Afrique orientale, avec un apport de quelques 2000 mégawatts.
M. Kaberuka a averti que le ralentissement des économies qui a affecté les pays développés pourrait affaiblir la demande d'exportations africaines et réduire les rentrées de devises. Ceci, a-t-il expliqué, pourrait, à son tour, réduire la capacité des banques commerciales en Afrique à financer le commerce. Il a fait remarquer que comme mesure de sauvegarde, la BAD recherche les moyens de contribuer à combler ce déficit de financement du commerce africain. Le déficit du financement des infrastructures, a-t-il noté, devra être comblé par des financements innovants, comme les partenariats public-privé et les fonds climatiques.
Les chefs d'état africains présents au sommet ont approuvé le lancement du Programme pour le développement des infrastructures de l'Afrique (PIDA), une initiative de plusieurs milliards de dollars allant jusqu'à 2040.
Le PIDA s'appuie sur une étude conjointe de l'Union africaine, la Commission économique des Nations Unies pour l'Afrique, la Banque africaine de développement et l'Agence de planification et de coordination du Nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique (NEPAD). La BAD est l'agence d'exécution de cette initiative.
Les chefs d'état ont salué le programme du PIDA et noté que ses projets visent à combler une lacune essentielle dans l'intégration régionale et continentale de l'Afrique. Ils ont également noté que l'objectif à long terme du PIDA est de renforcer l'intégration physique de l'Afrique, de stimuler le commerce intra-africain et de renforcer la compétitivité de l'Afrique dans l'économie mondiale.
En marge du sommet, la BAD et l'Organisation mondiale des douanes (OMD) ont signé un protocole d'accord, en vertu duquel les deux organisations travailleront ensemble pour renforcer les capacités des administrations douanières en Afrique. Cette amélioration de la capacité des autorités douanières de l'Afrique devrait aider à stimuler le commerce intra-africain.
Les deux signataires du protocole étaient Donald Kaberuka, pour la BAD, et Kunio Mikuriya, secrétaire général de l'OMD, pour son organisation.
« A travers ce partenariat, les financements de la BAD pour les infrastructures régionales et l'expertise technique de l'OMD dans les douanes se complèteront mutuellement et amélioreront l'efficacité de nos efforts pour faciliter les échanges commerciaux, » a déclaré M. Kaberuka. « Les efforts coordonnés des deux institutions pour améliorer la gestion des frontières aideront de nombreuses entreprises en Afrique dans le commerce transfrontalier. Ce qui, à son tour, approfondira davantage l'intégration régionale,» a-t-il ajouté.
M. Kaberuka a également tenu des discussions bilatérales avec un certain nombre de chefs d'état africains, entre autres François Bozizé de la République centrafricaine, Yahya Jammeh de la Gambie, Mme Ellen Johnson Sirleaf du Libéria et Paul Kagame du Rwanda. Il a également rencontré le Directeur exécutif d'ONUSIDA, Michel Sidibé, Thabo Mbeki, l'ancien président de l'Afrique du Sud et président du panel de haut niveau de l'Union africaine sur le Soudan ainsi que Abdoulie Janneh, secrétaire exécutif de la commission économique des Nations Unies pour l'Afrique.
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Ralph A. Olayé